Une quinzaine d'élections législatives et présidentielles sont prévues cette année à travers le continent noir, dont certaines, en égypte, au Burundi ou en Centrafrique, menacent de déboucher sur des violences. Des chefs d'Etat, tels ceux du Rwanda, du Togo, ou du Congo-Brazzaville, sont soupçonnés de vouloir modifier leurs Constitutions pour rester au pouvoir, trois mois après la chute du président burkinabé Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir parce qu'il tentait de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. Les projets de révision constitutionnelle dans ces pays sont d'autant plus porteurs de dangers pour la stabilité du continent africain qu'ils s'accompagnent de problèmes sécuritaires, notamment la rébellion en République démocratique du Congo (RDC), le terrorisme représenté par les groupes armés dans le nord du Mali, et la menace de Boko Haram au Nigeria et au Cameroun. à titre d'illustration, en RDC, le pouvoir a dû retirer, mi-janvier, après des violences meurtrières, une disposition litigieuse d'une loi électorale, notamment l'article 220 de la Constitution, qui fixe à deux le nombre de mandats présidentiels. Elle aurait entraîné un report de la présidentielle et permis au président Joseph Kabila de rester au pouvoir à l'expiration de son mandat. Au Burundi, une tentative de lever la limitation constitutionnelle du nombre de mandats a échoué en mars 2014. Mais les partisans du président Pierre Nkurunziza estiment que la Constitution actuelle l'autorise à en briguer un nouveau, ce que réfutent ses opposants. Le chef de l'état togolais, Faure Gnassingbé, appelé par l'opposition à opérer des réformes politiques, vu que la Constitution ne limite pas les mandats présidentiels, et le Béninois Boni Yayi, qui ne peut pas se présenter en 2016, sont dans la même posture de chefs d'Etat aux ambitions démesurées, mais qui risquent d'être confrontés à la prise de conscience d'une jeunesse africaine. Les dangers de déstabilisation qu'encourent ces pays ont eu pour effet d'éveiller les consciences, notamment au sein des Nations unies, en témoigne la déclaration de Ban Ki-moon, lors du sommet susmentionné. "Les changements de Constitution non démocratiques et les vides juridiques ne devraient pas être utilisés pour s'accrocher au pouvoir", a-t-il lancé en guise de réaction à l'élection à la tête de l'UA de l'autocrate Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance de son pays en 1980. C'est dans ce sillage aussi qu'intervient l'initiative des Etats-Unis de conditionner l'aide au Bénin par l'organisation, en 2015, d'élections locales, sans cesse reportées depuis juin 2014. Mais aussi de la part de l'Union africaine, dont la dernière réunion des chefs d'Etat et de gouvernement d'Addis-Abeba a planché sur ces cas d'espèces. Les dirigeants, rassemblés vendredi et samedi, devraient tenter de prévenir les violences électorales redoutées en Egypte, au Burundi ou en Centrafrique. A. R.