Boko Haram et la lutte contre le terrorisme au coeur du 24e Sommet de l'UA Le sommet de l'UA, qui se tenait hier et aujourd'hui dans la capitale éthiopienne, a par ailleurs désigné hier à la présidence tournante le président zimbabwéen Robert Mugabe, bientôt 91 ans. Les islamistes nigérians de Boko Haram menacent la sécurité et le développement de toute l'Afrique, qui doit apporter «une réponse collective» et «décisive», a estimé hier Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba. «Le terrorisme, en particulier la brutalité de Boko Haram contre nos populations, est une menace à notre sécurité collective et à notre développement. Elle s'est désormais propagée à la région au-delà du Nigeria et nécessite une réponse collective, efficace et décisive», a déclaré Mme Dlamini-Zuma en ouvrant le sommet. «Boko Haram (...) représente un danger pour la paix et la sécurité nationale (au Nigeria), régionale et internationale», a abondé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à la tribune. Dans la nuit, le Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA a appelé à la création d'une force militaire régionale de 7500 hommes pour contrer Boko Haram, dont l'avancée au Nigeria - le groupe armé s'est emparé de territoires entiers du nord-est du pays - et les incursions au Cameroun inquiètent les pays voisins. L'insurrection a fait plus de 13.000 morts depuis 2009. Nigeria, Cameroun, Niger, Tchad et Bénin avaient déjà convenu fin 2014 d'établir une force de 3000 hommes. Celle-ci n'est toujours pas opérationnelle du fait de dissensions entre Abuja et ses voisins. La chef de l'exécutif de l'UA a aussi rappelé les autres conflits ravageant le continent: Somalie, Mali, Libye, Soudan du Sud et République démocratique du Congo, où l'armée a lancé jeudi une offensive contre des rebelles rwandais enracinés depuis 20 ans dans l'Est. Un sommet de l'Igad, l'organisation intergouvernementale est-africaine, est prévu aujourd'hui pour tenter d'arracher un accord entre le président sud-soudanais Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, dont la rivalité a plongé depuis décembre 2013 la plus jeune nation du monde dans une sanglante guerre civile. Les deux hommes se sont rencontrés mercredi et jeudi à Addis-Abeba, sans progrès. Autre sujet brûlant, Ban Ki-moon a appelé les dirigeants africains à «ne pas s'accrocher au pouvoir» et à «quitter leurs fonctions à l'issue de leur mandat». En ce sens, la désignation à la tête de l'UA de l'autocrate Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance de son pays en 1980, est un mauvais signal envoyé par l'organisation sur les valeurs de démocratie et de gouvernance qu'elle dit défendre, selon des observateurs. M.Mugabe est accusé par ses adversaires de s'être maintenu à la tête de l'Etat par l'intimidation et la violence contre ses opposants et des scrutins frauduleux. En République démocratique du Congo (RDC), le pouvoir a dû retirer mi-janvier, après quatre jours de violences meurtrières, une disposition litigieuse d'un projet de loi électorale, qui aurait entraîné un report de la présidentielle et permis in fine au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir à l'expiration de son mandat. Au Burundi, une tentative de lever la limitation constitutionnelle du nombre de mandats a échoué en mars 2014. Les partisans du président burundais Pierre Nkurunziza estiment que la Constitution ne l'empêche pas de briguer un troisième mandat, comme la volonté lui en est prêtée, ce que réfutent ses opposants, suscitant des tensions. D'autres chefs d'Etat, au Rwanda, au Togo ou au Congo-Brazzaville, sont soupçonnés de vouloir modifier leurs Constitutions pour se maintenir au pouvoir. Une quinzaine de scrutins présidentiels et législatifs sont prévus en Afrique en 2015. Les dirigeants rassemblés hier et aujourd'hui devraient tenter de prévenir les violences électorales redoutées en Egypte, au Burundi ou en Centrafrique.