Le référendum sud-soudanais du 9 janvier a été le point de départ d'un marathon électoral sur le continent qui promet d'être riche en rebondissements. Pas moins de dix-neuf élections présidentielles et législatives sont au programme en Afrique cette année. Des tensions, il y en aura sûrement, d'autant que les révolutions tunisienne et égyptienne ont ouvert la voie à des transitions vers de vraies démocraties, opposées à celles procédurières qui ont marqué la dernière décennie africaine. Alors que le cauchemar ivoirien semble loin de son épilogue, les scrutins s'annoncent sous des auspices préoccupants. La présidentielle en République centrafricaine, organisée le 25 janvier, est contestée par les cinq candidats rivaux du président sortant que les résultats ont donné vainqueur. Pour ne pas faillir aux élections à la mode africaine, le Président a triché, ses partisans lui ont bourré les urnes et l'administration à sa dévotion a exercé des chantages sur les récalcitrants. La bonne vieille recette qui a rouvert les portes aux autocrates et dictateurs, après les perspectives d'ouverture dessinées dans les années 1990 lorsque le mur de Berlin est tombé, laissant place à la mondialisation. De nombreux chefs d'Etat africains ont modifié la Constitution de leur pays soit pour s'offrir un autre mandat, soit pour garantir leur maintien. En République démocratique du Congo (RDC), où la présidentielle est prévue le 27 novembre, Joseph Kabila, candidat pressenti à sa propre succession, a fait modifier la Constitution mi-janvier pour que le vainqueur du scrutin soit désigné à la majorité simple des suffrages exprimés dès le premier tour, et non plus à la majorité absolue lors du second tour. L'enjeu des élections à la RDC dépasse le pays, quand on sait tous les conflits qui l'agitent et complots tramés autour de ses innombrables richesses. Joseph Kabila a déçu ses électeurs en 2006, dans le Kivu et tout l'est du Congo, où les Forces démocratiques de libération du Rwanda (milices et anciens soldats hutus du Rwanda, ndlr) continuent d'agir librement. Face à lui, il y a un opposant de poids, Vital Kamerhe, ancien président de l'Assemblée nationale. Joseph Kabila va sans doute gagner les élections, tout en sachant qu'il pourrait les perdre, ce qui le met sur la défensive. Autre élection lourde d'enjeux, la présidentielle du 9 avril prochain au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique avec une mosaïque de 152 millions d'habitants. Goodluck Jonathan, le président sortant, parvenu au pouvoir en mai 2010 après la mort de son prédécesseur Umaru Yar'Adua, a remporté les primaires de son parti pour mener la campagne présidentielle. Il lui reste à vaincre l'opposition, ce qui n'est pas évident avec les scandales de corruption qui sont remontés à la surface. Au Zimbabwe, alors que le pays commence à peine à se remettre du désastre électoral de 2008, le parti présidentiel, la Zanu-PF de Mugabe, a décidé lors de son congrès en décembre de convoquer des élections générales en 2011, pour mettre fin au gouvernement d'union formé en 2009. Aucune date n'est arrêtée, mais le parti tient déjà son candidat présidentiel : Robert Mugabe, 86 ans, au pouvoir depuis 1980 et doyen des chefs d'Etat en Afrique. Le Niger, après le premier tour de ses présidentielle et législatives le 31 janvier, tiendra le second le 12 mars. C'est un opposant qui est sorti premier contre le candidat de l'ancien régime dont le président a été balayé par l'armée pour avoir enlevé de la Constitution la restriction à deux mandats présidentiels. Au Cap-Vert, après les législatives du 6 février, la présidentielle se déroulera 6 mois plus tard, vers le mois d'août. Le Tchad tient ses législatives le 20 février et sa présidentielle est reportée au mois de mai. Le 4 mai, Madagascar tient sa présidentielle, après les législatives le 16 mars. Ce mois de mars, le Bénin organise sa présidentielle. Un mois plus tard, ce sera au tour de Djibouti. Au Cameroun, Biya compte s'offrir un nouveau mandat en août, avançant la date des élections de 2 mois. En octobre, le Liberia tient sa présidentielle et des législatives. Dans la même année 2001, la Tunisie et l'Egypte devront revenir à la légalité constitutionnelle avec des élections, promises par leur révolution libres et transparentes.