La Tunisie sortira-t-elle bientôt de l'auberge ? C'est, du moins, le souhait du chef du gouvernement désigné, Habib Essid, qui a présenté, hier, la deuxième mouture de son gouvernement à la presse. La nouvelle équipe comprend 42 membres dont 16 secrétaires d'Etat. En annonçant sa liste, Habib Essid a mis en relief les défis à relever dans les meilleurs délais par un gouvernement animé par la volonté de bien faire. Après l'échec essuyé, le 23 janvier qui l'a poussé à revoir sa copie avant de solliciter la confiance du Parlement, Habib Essid a multiplié, la semaine dernière, les consultations avec les représentants des divers partis politiques et de la société civile pour constituer un gouvernement qui bénéficierait de l'aval de la majorité. Avec la configuration du nouveau gouvernement, il semble y être parvenu. Nidaa Tounès, vainqueur des législatives, est le mieux représenté avec plus de 15 ministères et secrétariats d'Etat et ses principaux alliés, Afek Tounès de Yassine Brahim et l'Union patriotique libre (UPL) du richissime Slim Riahi qui occupent, eux aussi, des places importantes. Reste le parti islamiste. Participera ou ne participera pas ? La question était sur toutes les lèvres durant la semaine écoulée. Finalement, Habib Essid, sans doute, soucieux de garantir un accueil favorable à son équipe, a opté pour l'inclusion du parti islamiste. Celui-ci sera présent par des figures de second plan si l'on excepte son porte-parole, Zyed Ladhari, qui a hérité du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi avec, comme bonus pour ce parti, trois secrétariats d'Etat. L'UPL a conservé ses trois portefeuilles obtenus dans la première mouture alors que le plus grand gagnant est Afek Tounès qui, exclu de la première mouture, se voit confier trois ministères dont celui du Développement et de l'Investissement qui sera dirigé par le secrétaire général du parti, Yassine Brahim. Le gouvernement comprend, par ailleurs, huit femmes dont trois au rang de ministre. Le ministère des Affaires étrangères est confié au secrétaire général de Nidaa Tounès, Tayeb Baccouche et ceux de l'Intérieur et de la Défense nationale à des juristes qui font leur baptême du feu. Quant au département des Affaires religieuses, il sera entre les mains du Cheikh Othmène Battikh, nommé mufti de la République par Ben Ali et limogé par l'ex-président Moncef Marzouki. Parmi les cinq partis les mieux classés au Parlement, seul le Front Poulaire (gauche) de Hamma Hammami a choisi l'opposition, ses conditions pour siéger au gouvernement étant difficiles à satisfaire. L'un de ses dirigeants Zyed Lakhdhar est allé jusqu'à accuser Habib Essid d'avoir failli à son engagement de ne pas associer le parti islamiste au gouvernement. Mais, chacun ayant ses raisons, Habib Essid ne pouvait pas courir le risque d'ignorer Ennahdha avec ses 69 députés. Maintenant que le parti islamiste est là, Habib Essid peut envisager, avec confiance, son examen de passage devant le Parlement. À eux seuls, Nidaa Tounès et Ennahdha accaparent 155 sièges à l'APR sans compter le soutien de Afek Tounès (8), de l'UPL (15) et des indépendants qui sont, relativement, bien représentés au gouvernement. Aussi, est-il certain d'obtenir, demain, mercredi, la confiance du Parlement alors que le nombre des voix requis pour réussir cet examen n'est que de 109. M. K.