L'association qui porte son nom, sa famille et la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont rendu, vendredi et samedi derniers, un hommage à un des pionniers du nationalisme algérien, Imache Amar, à l'occasion du 55e anniversaire de sa disparition. Au programme, une exposition d'archives sur la vie et le parcours de ce militant infatigable du mouvement national. Durant la journée de vendredi, un recueillement sur sa tombe, au cimetière du village Aït Mesbah, commue de Beni Douala, a été organisé. A la maison de la culture Mouloud-Mammeri, en plus de l'exposition, le fils d'Imache Amar, Chaâbane, a présenté l'ouvrage Algérie au carrefour, qui est une compilation des écrits de son père édités à titre posthume. Chaâbane nous a expliqué que ce livre regroupe les écrits de son père réalisés durant les années 1930/40 et publiés à sa mémoire par ses enfants. "Le titre du livre est l'intitulé de sa première brochure écrite en 1937 après la dissolution de l'Etoile nord-africaine et où il dénonce le projet Blum-Viollette qui simulait le rattachement de l'Algérie à la France", nous dira encore Chaâbane Imache. Imache Amar "consacrera l'essentiel de sa vie professionnelle à un travail de sensibilisation et de conscientisation des ouvriers algériens en France. L'aboutissement est un immense succès : près de 100 000 ouvriers algériens vont se rassemblent à Paris, le 7 décembre 1924, et créent la première organisation sociopolitique dénommée Congrès des ouvriers nord-africain (Cona)", peut-on lire sur l'aperçu biographique présenté par les organisateurs. En 1926, ce congrès se transforme en parti politique, l'Etoile nord-africaine, qui revendique l'indépendance de l'Algérie et qui sera dissoute en novembre 1929 pour revenir, en 1933, sous une nouvelle appellation, la Glorieuse étoile nord-africaine (Gena). Lors de ces deux journées commémoratives, deux conférences-débats ont été animées : "L'œuvre écrite d'Imache Amar, une autre mémoire du mouvement national indépendantiste algérien, années 30", présentée par le linguiste Saïd Chemakh, et "le rêve d'Amar Imache : une nation algérienne enracinée dans son histoire" présentée par Karim Salhi. Le premier conférencier retracera le parcours courageux de ce militant et son implication dans la lutte pour l'indépendance. Quant à Karim Salhi, enseignant en histoire, il évoquera, entre autres, l'absence de textes dans les manuels scolaires évoquant la vie d'Imache Amar. "Dans l'historiographie officielle, c'est Messali qui fait figure de héros, mais lui-même va faire l'objet d'un oubli depuis la crise du PPA-MTLD. Imache est une victime de cette historiographie, et aussi il y a un oubli entretenu pour qu'on n'en parle pas. Une sorte d'ostracisme", signalera Karim Salhi. K. T