En proie à une crise depuis quelque temps, œuvre d'un groupe de dissidents appelé communément “le groupe des sept”, le Mouvement du renouveau national (MRN), de Abdellah Djaballah, ne semble pas ébranlé, outre mesure, par ce qui est perçu par la direction comme “un orage d'été”. Face à ses détracteurs, le candidat malheureux de l'élection présidentielle d'avril 2004 oppose des arguments jugés “imparables”. Mais mieux encore, il leur lance un défi pour apporter la moindre preuve de leurs allégations. Les dissidents, pour rappel, reprochent au leader du parti, outre sa mainmise sur la formation, d'avoir imprimé de nouvelles orientations en porte-à-faux avec la ligne originale du parti en perspective du prochain congrès et des détournements d'argent. “Ce sont des personnes qui ont peur du congrès car ils savent qu'elles seront jugées par la base. Nous savons qu'il y a des ambitions et des cercles qui les alimentent mais il n'est pas toujours facile de connaître leurs arrière-pensées. Le temps va révéler les dessous”, a justifié hier le vice-président, Abdelghafour Sâadi, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. On l'aura sans doute compris, l'actuelle direction du MRN accuse des cercles occultes au sein du pouvoir, à ses yeux, à l'origine de la crise qui secoue cette formation, réputée “dure” du mouvement islamiste algérien. Autre accusation soufflée en demi-mot : les dissidents tentent de faire le forcing sur le président pour “changer de position” et à terme rejoindre le giron du pouvoir. “On leur a dit de poser le problème dans un cadre organique, ils ont préféré la pression pour changer la position. On n'est pas éternellement à l'opposition et on n'est pas éternellement au pouvoir”, ajoute le vice-président. Contrairement à ce qui est invoqué par les frondeurs, ce responsable égrène un chapelet d'arguments qui traduisent à ses yeux le respect du règlement dans le fonctionnement du parti. Ainsi, il rappelle qu'il n'y a pas dans le règlement intérieur de disposition sur la tenue d'un conseil consultatif extraordinaire comme l'a fait Boulahia, le chef de file des dissidents. Outre que cette réunion a été tenue dans un lieu secret, elle n'est pas habilitée à discuter des questions qui engagent l'avenir du parti. Sur un autre registre, le retrait de confiance reste une prérogative du président plus l'aval du deux tiers du conseil. Enfin, autant l'installation des commissions chargées de la préparation du congrès, appuyées par les dissidents, rappelle-t-il, que la gestion des fonds du parti se fait dans la transparence. Bref, il rejette d'un revers de main toutes les accusations. En tout état de cause, au MRN on se montre confiant pour la tenue du conseil jeudi prochain et du congrès à la fin du mois courant. “Le mouvement ne va pas obéir à deux bureaux de wilayas (Guelma et Batna, ndlr). Tout le monde verra que le MRN se porte bien”, conclut Abdelghafour Sâadi. K. K.