Abdallah Djaballah, leader désormais contesté du Mouvement du renouveau national (MRN), formation la plus radicale de l'islamisme algérien, vient de perdre la première bataille qui l'oppose à ses détracteurs au sein du parti. Le congrès prévu pour les 29, 30 et 31 du mois courant a été reporté en raison du refus simultané du ministère de l'Intérieur et de la wilaya d'Alger de délivrer le fameux quitus. Dans un communiqué rendu public hier, le vice-président du MRN, Abdelghafour Saâdi, note qu'après “étude du dossier par les services concernés du ministère de l'Intérieur, il a été décidé le report du congrès jusqu'à ce que la justice tranche l'affaire portée devant la chambre administrative de la cour d'Alger par des dissidents du mouvement”. L'affaire devant la justice est aussi évoquée par les services de la wilaya d'Alger pour justifier le refus. En d'autres termes, même si le communiqué du MRN pèche par une certaine confusion, ce n'est pas une décision des responsables du parti, mais bel et bien du département de l'Intérieur. Par ricochet, les dissidents ou le mouvement de redressement comme ils se qualifient — un vocable désormais en vogue depuis la rocambolesque histoire du FLN —, dont le procès qui les oppose à l'aile “légale” s'ouvre aujourd'hui au tribunal de Sidi M'hamed à Alger, viennent de gagner la première manche du bras de fer engagé contre le malheureux candidat à l'élection présidentielle. Pourtant jusqu'il y a quelques jours, rien ne laissait présager une telle tournure des événements. À coups de communiqués, Abdallah Djaballah et ses plus fidèles lieutenants annonçaient à qui voulait bien les entendre que tout était réglé pour la tenue des assises. Assemblées générales dans 48 wilayas dans “un esprit responsable et dans un climat démocratique”, élection de 1 500 délégués, discussion des avant-projets portant statuts, règlement intérieur et orientation politique, le tout en présence d'un huissier de justice. Le dépôt de la demande d'autorisation introduite le 12 décembre n'était pour l'aile légale qu'une simple formalité puisque, comme le rappelait un proche de Djaballah, “tout était conforme aux lois en vigueur”. Mais c'était compter sans les capacités de manœuvre du groupe des dissidents, appelé communément groupe des “sept”. Rompus pour la plupart à l'activité politique, notamment au sein du Parlement à l'image du désormais ex-président du madjliss echourra, conseil consultatif, Boulahia ou encore le député Djahid Younsi, les dissidents ont déposé le 7 décembre dernier une plainte au niveau du tribunal de Sidi M'hamed, dont l'objet ne visait rien de plus qu'à geler les activités du bureau national, le gel du compte du parti et, enfin, l'annulation des préparatifs et notamment le dernier madjliss echourra. La cause semble entendue puisque autant le département de l'Intérieur que la wilaya d'Alger ont évoqué l'affaire de la justice pour opposer une fin de non-recevoir à la demande de la tenue du congrès. K. K.