Le groupe des dissidents est décidé d'empêcher le congrès et de destituer le chef du MRN. Le syndrome du FLN semble avoir fait tâche d'huile : il n'est pas désormais d'organisation, à quelques exceptions près, de formation politique qui ne soit secouée par un vent de contestation. Si pour certains, il s'agit d'une crise de croissance, presque naturelle dans l'évolution de la vie politique d'une organisation, pour d'autres, en revanche, on n'exclut pas, au regard des pratiques et de la caractéristique du mode de fonctionnement du système politique algérien, quelques mains “occultes” dont l'œuvre participe d'une volonté de réduire l'opposition à sa plus simple expression. Relativement à l'abri des turbulences jusque-là, le mouvement du renouveau national (MRN) de Abdellah Djaballah traverse, sans nul doute, l'une des crises les pus aiguës de sa jeune histoire. Un mouvement de redressement, c'est le vocable choisi par les dissidents, vient, en effet, de prendre racine dans cette formation politique, la plus radicale de l'islamisme algérien, et ambitionne rien moins que d'empêcher la tenue du congrès prévue à la fin du mois en cours et de destituer l'actuel leader du mouvement, le cheikh Abdellah Djaballah. “On va l'empêcher par la justice et par notre présence lors du congrès où nous serons des milliers”, a menacé hier le député et l'un des animateurs du groupe des dissidents, appelé aussi “groupe des sept”, Mohamed Djahid Younsi. Lors d'une conférence de presse animée, hier, au centre international de presse (CIP) à Alger, Boulahia, vice-président de l'APN et néanmoins président, avant d'être déchu de cette qualité, du Madjliss echourra (Conseil consultatif), Miloud Kadri, chef du groupe parlementaire, Djahid Younsi, Azzedine Chiheb ainsi que Djamel Benabdesslem, Djamel Soualah étant absent, ont, tour à tour, descendu en flammes l'ex-candidat malheureux à l'élection présidentielle d'avril dernier. Bref, ils ont prononcé ce qui s'apparente à une véritable fetwa, pour reprendre une expression chère aux islamistes, à l'encontre de celui dont les orientations politiques ont été inspirées d'un livre d'un certain Chinguitti, lequel avait travaillé sur le mouvement islamiste au Pakistan, chez les frères musulmans en Egypte et l'islamisme au Soudan. “Ce n'est pas un problème de personnes mais il s'agit de la gestion du parti et de la ligne politique”, ont justifié les dissidents. “Il veut se tailler un congrès sur mesure à la Kadhafi et Ben Ali. Pour nous, c'est une fuite en avant”, ont-ils accusé. Mais il n'y a pas que ces griefs. Les dissidents lui reprochent aussi une gestion occulte des fonds du parti, la violation du règlement et des tentatives de compromission avec le pouvoir. K. K.