Huit détenus à la prison de Laghouat, se réclamant militants des droits de l'Homme et des chômeurs, ont entamé une grève de la faim dès l'annonce du verdict, mercredi passé, pour dénoncer les peines que la justice a prononcées contre eux. "Je viens de leur rendre visite et ils m'ont fait part de leur décision de faire une grève de la faim illimitée, en réponse à l'injustice qui les frappe", a-t-on appris auprès de Me Noureddine Ahmine, l'un des avocats du collectif de la défense et membre actif du Réseau des avocats pour la défense des droits de l'Homme (Raddh). "Par leur action, les détenus visent à souligner le caractère injuste de la sentence", a-t-il ajouté. Poursuivis pour "attroupement afin d'influencer des décisions de justice", les mis en cause ont été condamnés à 6 mois de prison ferme et 6 mois avec sursis, en plus de 5 000 DA d'amende. Il s'agit de Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Benkouider Faouzi, Bensarkha Tahar et de Djaballah Abdelkader. "Le verdict est prononcé en catimini, presque avant l'ouverture de l'audience", selon un communiqué rendu le même jour par le Raddh. "Il a été trop sévère et injuste" aux yeux de Me Noureddine Ahmine. Quant au dénommé Regue Mohamed (32 ans), le verdict est de 18 mois fermes assortis de 20 000 DA. Selon l'arrêt de renvoi, l'affaire remonte au 22 janvier dernier lorsque les services de la Police judiciaire (PJ), enquêtant sur une affaire de vol d'un véhicule, auraient fait l'objet d'entraves, par le dénommé Regue Mohamed, dans leur mission, lors de l'arrestation de son voisin qui serait impliqué dans ladite affaire. Les services de la PJ ont alors procédé à l'arrestation de R. M., alors que les huit autres individus ont été arrêtés, le 28 janvier 2015, jour du procès de R. M., pour attroupement devant le palais de justice en signe de solidarité, a indiqué la même source. Le parquet avait requis la peine de trois ans de prison ferme à l'encontre de l'ensemble des mis en cause. Mercredi dernier, soit le 11 février, le tribunal a rendu son verdict qualifié d'injuste par les détenus et leurs avocats. Pour Me Noureddine Ahmine, tout a commencé, en effet, le 22 janvier passé lors de l'arrestation du dénommé Regue Mohamed qui a vu sa peine ramenée à 18 mois de prison ferme pour outrage à agents de la force publique, en application de l'article 148 du code pénal. Celui-ci était en train de discuter devant son domicile avec des agents de l'ordre, qui étaient sur les lieux pour une opération qui visait un délinquant, et c'est là qu'il a été arrêté sur ordre de l'officier de service sans raison apparente. On lui a, ensuite, collé le délit de violences envers la force publique. La date du 28 janvier 2015 a été arrêtée pour son jugement. Ce jour-là, une dizaine de citoyens sont venus le soutenir. Le parquet a poursuivi les mis en cause pour attroupement non armé et actes, paroles ou écrits publics, qui, tant qu'une affaire n'est pas irrévocablement jugée, ont pour objet de faire pression sur les décisions des magistrats conformément aux dispositions de l'article 147 du code pénal. En juriste aguerri, l'avocat nous a indiqué que l'arrestation des mis en cause est survenue en violation de la loi en matière d'attroupement. Celle-ci exige, selon lui, l'existence d'un trouble significatif à l'ordre public, et ce, dans le respect des procédures légales, notamment les dispositions de l'article 97 du code pénal. Ce qui n'est pas le cas de la personne arrêtée. B.A.