à Triolet, Birkhadem, Hussein-Dey, Ben Omar, Aïn Naâdja ou encore à Chéraga, les accès et les abords des marchés couverts sont squattés par des revendeurs à la sauvette. L'action de faciliter l'intégration du camelot dans la sphère d'une économie réelle et prospère s'est heurtée à l'impossibilité d'"apprivoiser" ce dernier. En effet, flairant l'aubaine qui est d'autant belle, beaucoup de ces colporteurs louent leurs étals et s'en vont "cameloter" ailleurs pour espérer acquérir d'autres étals dans le lot des 17 marchés couverts qui ont été réalisés par la wilaya d'Alger durant l'exercice 2004-2005, notamment à Zoudj Ayoune, Ben Omar et Aïn Naâdja. Depuis, il n'y a qu'à Alger où le légal tenancier d'un étal cohabite avec le camelot à l'intérieur même des marchés couverts dits de proximité. Du jamais vu sous d'autres cieux où l'autorité veille pour que nul n'enfreint les règles "canoniques" du commerce ! Or ce n'est pas le cas à Alger, notamment pour le commerçant dit légal, qui n'a d'autre alternative que de se taire au motif qu'il craint pour sa sécurité. Pis, s'il est évident que cela s'en ressent aussi sur la recette journalière du vendeur à l'étal, en revanche, c'est dans ses revenus qu'il puise également les "frais divers de gestion" pour s'acquitter des charges locatives et du devoir d'honorer l'impôt. Donc, force est de convenir qu'il est difficile d'être "légaliste" pendant que d'autres transgressent impunément les règles du négoce en tous genres. Pour se convaincre du manque qu'il y a à gagner pour le "légaliste" et pour le... fisc, une tournée s'impose d'abord aux abords du quartier Zoudj Ayoune dans la Basse Casbah, où le "business" prospère sous les arcades et à même la chaussée, au grand désarroi des commerçants de la rue de Bab El-Oued et des tenanciers d'étals du marché couvert y attenant. En fait de tenanciers, ce ne sont que les camelots d'"hier" qui ont bénéficié de la part de l'APC de la Casbah d'un étal durant les années 2004-2005 et auxquels sont venus se mêler d'autres camelots qui espèrent figurer sur une éventuelle liste d'heureux attributaires d'étals", a déclaré Halim, très au fait de l'anarchie qui y règne. Pour rappel, Alger ne pouvait plus se suffire de 66 marchés couverts, d'où l'exigence d'en bâtir un lot de 17 autres qui a nécessité une enveloppe budgétaire de 210 millions de dinars, dont une première tranche pour doter Alger de 38 marchés dits de proximité. C'est dire la tâche ardue de l'autorité à débusquer l'intrus qui a déjà fait l'objet d'une attribution d'un étal au vu d'un certificat de résidence de... complaisance. L'exercice est d'autant plus compliqué en l'absence d'un listing commun aux 57 communes de la wilaya d'Alger. "Bazarisation" rampante Dès lors, le nombre de camelots ne cesse d'accroître jusqu'à engendrer le désordre d'une... "bazarisation" rampante qui s'est établie sur le parvis de la mosquée Ali-Betchine et à l'orée du lycée émir Abdelkader (ex-Bugeaud). étrange stratagème qui, peu à peu, a produit l'effet boule de neige, notamment à la Sahat El-Mouahadine (ex-Randon), où l'attitude provocante du camelot a fini par faire sortir les tenanciers d'étals de fruits et de légumes hors du marché couvert de Djamâa Lihoud, l'actuelle mosquée Farès, ainsi qu'aux abords de l'ancien Bazar Louh, de la rue de Chartres, et du séculaire marché couvert de la rue Mohamed-Bouzrina. Ainsi donc, le vieil Alger est devenu le cœur battant, sinon le carrefour du marché de l'informel, où une "armée" de camelots livre en ce moment une concurrence déloyale aux tenanciers d'échoppes labellisées de z'niqat lâaroussa. C'est aussi le cas du marché couvert de Ben Omar (Kouba), où d'anciens camelots, qui ont réussi leur... "intégration" dans le circuit commercial formel, se plaignent aujourd'hui de la présence en force de vendeurs ambulants qui ne déambulent plus et des marchands à la sauvette qui ne se sauvent plus devant l'uniforme. Donc, que l'on soit à Triolet dans le quartier d'Oued Koriche (ex-Climat-de-France), à Birkhadem, Hussein-Dey ou à Aïn Naâdja, force est d'admettre qu'il est loisible aux camelots de squatter les accès et les abords des marchés couverts, générant ainsi un manque à gagner à ceux qui s'exercent au respect des règles commerciales. Contacté pour en savoir un peu plus sur la gestion de nos marchés qui est loin d'être procédurière, le porte-parole de l'UGCAA, en l'occurrence Hadj-Tahar Boulanouar, a déclaré : "Le mieux est de dessaisir les APC de la gestion des marchés couverts et de confier la gérance à un établissement à caractère Epic, seul habilité à identifier le potentiel des commerçants dits légaux et d'interdire l'accès de ses infrastructures aux camelots, comme c'est le cas pour le marché des Eucalyptus qui est géré actuellement par une Epic. Dès lors, l'APC s'en trouvera allégée pour se consacrer exclusivement à la réalisation de ses plans communaux de développement." S'agissant de l'évaluation en termes de manque à gagner de ces commerçants légaux, notre interlocuteur s'en tient à la recommandation de revoir d'abord la fiscalité à la baisse et de favoriser l'intégration qu'il qualifie de... dernière chance de tous ces camelots dans le circuit dit formel. Pour y parvenir, la réouverture des anciens souks el-fellah d'Alger, notamment celui du Ruisseau, est requise, a tenu à ajouter notre interlocuteur. Autre solution à la résorption de l'emploi précaire : "Qu'attendent les autorités pour ouvrir le marché d'El-Harrach qui est fermé depuis trois ans, en dépit d'un taux d'avancement des travaux qui plaide pour sa réception ?" "Forte d'une capacité de 112 locaux et spécialisée dans le gros et le demi-gros, cette infrastructure serait d'un apport appréciable pour la résorption du chômage", explique notre interlocuteur. En attendant et pour qu'il puisse s'épanouir, le commerçant "légal" ne se suffit pas de mots. Au contraire, il est dans l'attente de mesures concrètes pour stopper l'irrésistible ascension d'un contingent de camelots qui envenime l'économie nationale. L.N.