Le désordre des marchands ambulants, qui génère également la paralysie du trafic routier en certains quartiers de la capitale, reste indescriptible. Applaudi au tout début de l'opération par la corporation de commerçants dit légaux, l'acte d'éradication du marché informel s'est essoufflé aussi vite qu'il a était ordonné. Et depuis, une cohorte de camelots assaille et assiège les quartiers de Ben Omar à Kouba et de Aïn Naâdja (commune de Gué de Constantine), où les adeptes de l'économie parallèle tissent leurs réseaux et leur toile au nez et à la barbe des autorités. C'est le cas de la mégacité de Aïn Naâdja, où les marchands à la criée mêlent aujourd'hui leurs voix à celles des receveurs de bus privés. C'est dire qu'il est malaisé de se frayer son chemin au milieu d'une enfilade d'étals de fortune disposés de part et d'autre dans l'étroitesse du trottoir. Pendant ce temps et à l'entrée du marché bis de proximité, une colonne de marchands étale, qui des cageots d'agrumes de saison, qui des cageots de sardines, créant ainsi un climat de concurrence déloyale qui lèse les tenanciers légaux d'étals. Dans cet intense désordre, le citoyen aura vite déchanté après qu'il eut recouvré pour un temps si court la joie de flâner sur un trottoir. Contacté à ce sujet, le porte-parole de l'UGCAA, en l'occurrence Boulenouar Hadj-Tahar, déclare : "Il est recensé quelque 100 points de vente informelle à Alger et ses environs, notamment à Bordj El-Kiffan, Birkhadem, Cheraga et la liste n'est pas pour autant exhaustive. Nous avions applaudi la dernière campagne de lutte contre le commerce informel, qui devait débarrasser notre économie de ce fléau à la fin de l'exercice commercial de 2012. Mieux, le staff de l'UGCAA s'était même proposé d'accompagner les pouvoirs publics dans une campagne d'explication et de sensibilisation à même d'aider l'insertion de ces marchands ambulants dans la sphère légale du commerce. Mais la situation est ce qu'elle est et nous n'avons pas cessé d'émettre des recommandations afin d'éradiquer ces points noirs." Toutefois, la situation est d'autant similaire au quartier de Ben Omar, où l'hideuse image de Aïn Naâdja est reproduite aux abords d'un marché à multiples filières et qui a tout l'air d'une favela. En témoigne l'aspect peu attrayant d'un marché où gravite dès les premières lueurs du matin l'essentiel de camelots en quête d'un bout de trottoir. Et à ce propos, notre interlocuteur ajoute : "L'éradication du commerce informel est tributaire de la suppression de la source d'approvisionnement qu'est tout autant informelle. Par ailleurs, la répression à elle seule ne suffit pas pour venir à bout du commerce informel. Au contraire, la démarche doit s'accompagner de réelles réformes à même de permettre aux camelots d'intégrer la légalité. Pour ce faire, il y a urgence à revoir la fiscalité à la baisse, car ne dit-on pas que trop d'impôts tue l'impôt ? En outre, les tenants du commerce informel ont opéré un retour durant le mois sacré de Ramadhan en 2013 et 2014." Décodé, la passivité des pouvoirs publics en quête de la paix sociale à tout prix a fait le lit du marché informel. Continuant sa diatribe, notre interlocuteur affirme que le mieux est d'octroyer plus de prérogatives aux municipalités afin que les élus locaux s'impliquent dans ce que notre interlocuteur considère comme étant l'affaire de tous. Alors, en attendant de secouer le cocotier, le désordre des marchands ambulants qui génère également la paralysie du trafic routier en certains quartiers de la capitale est grand. L'option du marché informel et ce qu'elle génère en matière d'évasion fiscale a encore de beaux jours devant elle. L N