Imposé depuis la grève du Cartable en 1994, l'enseignement de tamazight bute sur plusieurs problèmes liés principalement à cette volonté tendant à rétrécir son champ d'action dans l'école algérienne. Plusieurs tentatives ont été initiées pour généraliser son enseignement, mais les embûches dressées par les uns et les autres ont fait que sur les 16 wilayas qui ont commencé son enseignement à la fin des années 1990, seules quelques-unes résistent à l'usure du temps. Hier, le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) et le ministère de l'Education nationale ont signé un protocole d'accord. Il porte principalement sur l'engagement des deux parties à promouvoir l'enseignement de cette langue. En dépit de cette volonté affichée par Mme Benghebrit d'aider tamazight à s'épanouir dans l'école algérienne, il n'en demeure pas moins que la première décision à prendre pour ce faire est de supprimer le caractère facultatif de cet enseignement, principal obstacle à sa promotion. Nouria Benghebrit le reconnaît à demi-mot lorsqu'elle évoque "la nécessité de mobiliser toutes les ressources humaines en vue de généraliser de manière progressive l'enseignement de la langue tamazight". Son propos n'étant pas destiné "à cette ressource humaine", qui s'est mise au travail, faut-il le rappeler à la ministre de tutelle, depuis belle lurette, mais aux responsables politiques de qui dépend la décision qui libérera tamazight des chaînes du caractère facultatif qui a fait d'elle le maillon faible de l'éducation nationale. Aller progressivement vers sa généralisation, comme l'a souligné la ministre devant les responsables du HCA "à travers la sensibilisation et l'évaluation du travail de recherche", pourrait constituer le début d'une solution pratique, mais celle-ci ne doit pas être toujours l'otage de calculs politiciens qui freinent son essor. "Ce n'est pas dans ce sens que nous sommes allés", a-t-elle constaté, selon l'APS, relevant qu'il y a eu quelque part une petite régression qui ne peut être tolérée. Cette régression est due, principalement, à l'interdit qui frappe cette langue et culture. À cette volonté d'en faire une culture et une langue "mortes". À cette tendance voulant folkloriser à tout bout de champ ce qui est amazigh. Elle a assuré que son département ne ménagera aucun effort "pour que la langue amazighe, dans ses différentes déclinaisons, puisse trouver toute sa place au sein de l'éducation nationale". De son côté, le secrétaire général du HCA, Assad Si El-Hachemi, a regretté, selon l'APS, "la sensible régression" de l'enseignement de tamazight dans certaines wilayas du pays, mettant l'accent sur la nécessité "d'évaluer et de prendre en charge ce dossier pour affirmer la portée nationale de son enseignement". Par ailleurs, un projet de jumelage entre deux établissements scolaires des Ouacif (Tizi Ouzou) et d'El-Khroub (Constantine) a été lancé dans le cadre des échanges culturels. M. M.