Résumé : Rassurée sur son mariage et son avenir, Mordjana finira par s'endormir. Samir s'allongera sur un divan et lorsqu'elle rouvrit les yeux, il l'invitera à prendre le petit-déjeuner concocté par Malika. La jeune femme est étonnée... Sa belle-sœur était déjà debout... Son mari lui dévoilera une autre facette de sa vie. Elle sourit : -Je ne me rappelle pas avoir aussi bien dormi de ma vie. -À la bonne heure. Et maintenant que tes fatigues ne sont plus qu'un mauvais souvenir, faisons honneur au petit-déjeuner préparé par Malika... -Malika ? Elle est déjà debout ? -Ma sœur se lève aux aurores... Une habitude acquise depuis son jeune âge... C'était elle qui nous réveillait toujours pour nous préparer et nous accompagner à l'école... Un peu comme ce que tu faisais chez tes parents... Mais elle, elle avait suivi le plus normalement du monde son cursus scolaire... Elle a pu aller jusqu'en terminale, puis entamer une formation en administration, elle a travaillé ensuite, durant quelques années, dans une entreprise privée, et grâce à son revenu, nous n'avons pas trop souffert de privation... Ensuite, elle s'est mariée et a eu deux enfants. Mordjana sourit : -J'aime bien Malika... Elle est si accueillante, si bonne... -Oui... Et surtout généreuse, regarde donc ce qu'elle nous offre : Samir tendit son index vers une belle bibliothèque déposée dans un angle de la chambre, et que Mordjana, dans sa confusion, n'avait pas remarquée la veille : -Tous ces livres ? -Oui, la bibliothèque en bois et ces séries de bouquins... Nous aurons de la lecture à porfusion. -J'aime bien la lecture... À la maison, je tentais toujours de trouver le temps de lire un chapitre, ne serait-ce que pour ne pas m'enliser davantage dans mon ignorance... Samir lui caresse les cheveux, et elle baisse les yeux : -Tu es loin d'être ignorante Mordjana... Puis, remarquant sa gêne, il change de sujet : -Viens, prenons ce premier petit-déjeuner que nous partageons ensemble. -Mordjana se lève : -J'aimerais tout d'abord me laver et me changer... -Bien sûr... Heu... Tu trouveras la salle de bains au fond de la cour... Tu veux que je t'accompagne ? Elle acquiesce : -J'aimerais bien... Je risque de rencontrer quelqu'un. Et comme je ne connais pas encore tous les membres de la famille, je ne saurais quelle attitude adopter. -Tu ne rencontreras personne, enfin pas avant la mi-journée. Malika s'est arrangée pour mettre tous les invités dans les chambres du premier étage. Mordjana lève les yeux et remarque que la maison était bien plus grande et plus spacieuse qu'elle ne l'avait pensé. C'était une de ces anciennes bâtisses mauresques, qui comportaient plusieurs chambres donnant sur une grande cours au rez-de-chaussée, ainsi qu'un étage protégé par une balustrade en fer forgé, dont les motifs étaient d'une beauté à couper le souffle. -La maison est vraiment belle Samir... -C'est la maison de nos grands-parents... Tu penses bien qu'un adepte de Bacchus comme mon père n'aurait jamais pu se permettre ne serait-ce qu'une cave dans un immeuble pouilleux... Fort heureusement, mon grand-père était bien plus perspicace. Il avait acheté cette maison, il y a plus de 70 ans... Mon père est né ici, tout comme mes tantes et mes oncles... Puis, les aînés sont partis... Lorsque mon père s'était marié, il n'était encore qu'un jeune apprenti dans la boulangerie familiale. Alors, il s'est accroché aux basques de ses parents pour entamer les premières années de sa vie conjugale. Puis, nous sommes venus au monde... Moi, mes deux frères et Malika. Mon grand-père, qui ne comptait même plus sur son ivrogne de fils, nous a élevés, et avait fait promettre à ma grand-mère de nous laisser vivre dans cette maison, car, contrairement à nos cousins, nous étions les plus malheureux. Et c'est ainsi que nous sommes devenus les légitimes propriétaires des lieux. -Et les autres enfants... Je veux parler de tes oncles et tantes. -Ils ont eu leur part de l'héritage familial bien sûr. Mon grand-père a bien fait les choses, aucun d'eux n'a été lésé dans ses droits... Mes deux tantes ont hérité de la boulangerie et mes deux oncles, de deux locaux commerciaux et d'une autre maison que ma grand-mère avait héritée de ses propres parents. (À suivre) Y. H.