En 1948, les fans du théâtre et du cinéma algériens découvraient le jeune Abou Djamal, Arezki Rabah de son vrai nom. Alors qu'il n'avait que 10 ans, il avait déjà montré toute l'étendue de son talent. Natif de la Casbah le 14 mars 1938, de parents originaires d'Aït-Abdelmoumen, près des Ouadhias à Tizi Ouzou, il est monté sur les planches dès l'âge de 10 ans quand il rejoint la troupe de Keltoum, auprès de Rouiched, Nouria, Fadila Dziria, Latifa... En 1950, il obtient des rôles avec Mohamed Touri et joue dans les sketchs de Rouiched. En 1952, Arezki Rabah rejoint la troupe Fernandez, et à partir de 1953 il intègre la troupe communale alors dirigée par Bachtarzi. Il fait ensuite de la radio et de la télévision dès 1956, avant de rejoindre le Front de Libération nationale et se fait arrêter à maintes reprises et torturé par l'armée coloniale. Au lendemain de l'indépendance, Arezki Rabah rejoint la troupe de Boubagra, avec, entre autres, Omar Ouhada et Mustapha El-Anka, et ce, avant de regagner en 1964 la troupe du Théâtre national algérien, où il joue dans de nombreuses pièces, notamment celles de Rouiched dans Hassen Terro, El-Ghoula (l'ogresse), El-Mach'hah (l'avare) et Les concierges. En 1970, Arezki Rabah participe à l'émission télévisée pour enfants "Hadikati Essahira", produite par Zoheïr Abdelatif. Il a en outre tourné dans de nombreux films étrangers, notamment avec l'acteur français Jean Gabin Pépé le Moko, et le réalisateur Vittorio Gassman, Broncaleone en croisades. Aujourd'hui, à l'orée de son 77e anniversaire, l'artiste Abou Djamal tombe dans l'oubli pour s'engouffrer dans une lassante solitude qui le ronge depuis bien des années, avec une maladie chronique et un pied amputé. Lors de son passage dernièrement sur les écrans d'une télévision privée, ses traits nous montrent combien il souffre de l'ingratitude des pouvoirs publics. "Grâce à l'ONDA et au soutien indéfectible de Abdelkader Bendameche, je me retrouve, un tant soit peu, avec une misérable pension de 17 000 DA", avait-il révélé en tenant à remercier certains artistes qui ont le soutiennent, tant sur le plan moral que matériel. Son apparition à l'écran sera certainement perçue tel un appel aux consciences afin de rendre à cet artiste et à tous les autres artistes ce qui leur appartient, un minimum de considération. R. S.