Pour Abdellah Dahou, l'Algérie et les pays voisins ont grand besoin du concours des cadres et intellectuels maghrébins, encore plus de ceux qui ont le courage de leurs opinions, à l'instar d'un Omar Aktouf. Algérie, entre l'exil et la curée, Halte au gâchis et La stratégie de l'autruche, de Omar Aktouf, sont désormais présents sur le marché national. C'est à la jeune maison d'édition Arak que revient le mérite d'avoir réédité, dès 2013, ces trois ouvrages, en attendant prochainement le livre sur le management entre tradition et renouvellement. Interpellé sur les motifs ayant poussé Arak édition à ramener les travaux de cet auteur de renom, dans son pays, son directeur, Abdallah Dahou, a révélé à Liberté que "le souci de sa maison d'édition est de rapatrier de toute urgence l'œuvre et la pensée aktoufiennes en Algérie". Pour le responsable, "publier un auteur algérien d'envergure de son vivant, tel que Omar Aktouf, est une mesure de salubrité intellectuelle et une justice qui lui est enfin rendue". "De plus, c'est un signe positif envoyé à l'élite la plus exigeante, moralement parlant, de notre diaspora intellectuelle, pour lui prouver que des espaces existent en Algérie pour défendre ses idées et en débattre". Malgré l'abondance de livres et autres contributions réalisées par le professeur titulaire en management à l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC) de Montréal (Canada), depuis plus d'une vingtaine d'années, les travaux de ce dernier étaient, jusque-là, méconnus par la grande majorité des Algériens, étudiants compris, et par une partie de la communauté algérienne établie à l'étranger. À ce sujet, Abdellah Dahou concède que "plusieurs éditeurs algériens, ayant pignon sur rue et plus d'expérience en la matière, avaient en effet refusé le risque ou proposé de publier uniquement certains titres, disons plus académiques". Dans les deux premiers ouvrages republiés en 2013 et en 2014, la maison d'édition Arak justifie la réédition des livres d'un amoureux fou de son pays par le souci de maintenir le débat permanent sur la fuite des cerveaux et l'urgence d'un modèle intraverti de développement. Dans l'introduction de l'éditeur, elle insiste aussi sur l'importance de l'éclairage irremplaçable et de première main sur la diaspora algérienne. Algérie, entre l'exil et la curée est présenté comme un ouvrage cathartique, voire comme un témoignage d'un écorché vif, dans lequel l'auteur fait l'impitoyable et douloureux inventaire de nos échecs collectifs renouvelés, notamment dans les années 1980. L'éditeur n'exclut pas qu'un tel livre risquerait de choquer "par l'âpreté du propos, par sa manière crue, abrupte, de dire les choses". Mais, poursuit-il, c'est par honnêteté intellectuelle qu'il a été réédité dans son intégralité, 25 ans après en Algérie, accompagné d'une introduction de l'auteur à l'édition algérienne. Une présentation à l'intitulé fort éloquent : "Entre chkara et harraga'', dans laquelle Omar Aktouf confirme avec amertume le même constat d'il y a un quart de siècle, mais relativise, toutefois, certains de ses jugements, en exprimant sa reconnaissance à ces valeureux Algériens, parmi les officiers de tous grades, policiers, gendarmes, agents de l'Etat, journalistes, enseignants, intellectuels qui, selon lui, permettent à notre pays de respirer encore. Quant à Halte au gâchis. En finir avec l'économie-management à l'américaine, Arak édition annonce, dans son avis, que cet essai et celui relatif à La stratégie de l'autruche. Post-mondialisation, management et rationalité économique sont des ouvrages-clés, dans l'approche de la mondialisation, qui est marquée par la domination du modèle capitaliste US. Pour l'éditeur, l'Algérie et les voisins tunisiens et marocains, eux-mêmes confrontés au diktat néolibéral, ont aujourd'hui un besoin pressant du concours des cadres et intellectuels maghrébins, encore plus de ceux qui ont le courage de leurs opinions, à l'instar d'un Omar Aktouf. H. A. Lire: Qui est Omar Aktouf ?