Le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a lancé un appel "historique" hier aux séparatistes kurdes pour qu'ils organisent un congrès sur le désarmement, afin de permettre la fin d'un conflit vieux de 30 ans. "Alors que nous nous rapprochons d'une solution à ce conflit vieux de 30 ans avec une paix définitive, notre objectif premier est de parvenir à une solution démocratique", a dit Abdullah Öcalan dans un message relayé par le député du Parti démocratique populaire (HDP, prokurde), Sirri Sureyya Onder. "J'appelle le PKK à tenir un congrès extraordinaire au printemps pour prendre une décision stratégique et historique de désarmement", a poursuivi Öcalan, cité par le député lors d'une conférence de presse conjointe avec le vice-Premier ministre Yalcin Akdogan. Les deux parties sont "plus proches de la paix que jamais", a dit M. Onder. Une délégation du HDP a rencontré des rebelles du PKK dans leur base des monts Kandil en Irak, le 23 février dernier, puis Öcalan vendredi dernier dans sa prison d'Imrali. C'est la première fois qu'un message d'Öcalan est lu en direct à la télévision et en présence de représentants du gouvernement turc. Le chef emprisonné du PKK avait estimé en novembre 2014 qu'un accord pouvait être signé dans un délai de quatre à cinq mois avec le gouvernement d'Ankara pour mettre fin à la rébellion. Le PKK, engagé dans un conflit avec les autorités d'Ankara qui a fait quelque 40 000 morts depuis 1984, a décrété depuis mars 2013 un cessez-le-feu qui est globalement respecté, après des négociations secrètes avec le gouvernement. Mais des tensions étaient apparues en septembre 2013, les insurgés kurdes accusant Ankara de ne pas tenir ses engagements et refusant de se retirer du territoire turc. De violentes émeutes pro-kurdes ont fait plus de 30 morts début octobre 2014 en Turquie, menaçant de faire capoter les pourparlers de paix. Les tensions se sont exacerbées ensuite entre Ankara et les rebelles kurdes de Turquie, outrés du manque d'empressement du gouvernement islamo-conservateur à venir en aide aux défenseurs de la ville syrienne kurde frontalière de Kobané, assiégée par les terroristes de l'organisation état islamique (EI) avant d'être reprise. Mais le gouvernement a essayé de reprendre les discussions avec les Kurdes dans l'espoir d'un accord de désarmement en mars. R. I./Agences