Alors que les célébrations de la Journée internationale des droits de la femme sont, d'ordinaire, l'occasion de conforter les acquis, le Président annonce, sans en préciser clairement les orientations, de futurs amendements du code de la famille, sur les dispositions liées au divorce. Le chef de l'Etat n'était pas présent, hier, à la cérémonie qu'il préside, chaque année, à l'occasion du 8 Mars. Pour le représenter, le gouvernement tout entier a fait le déplacement, à l'hôtel El-Aurassi, pour le traditionnel déjeuner offert aux nombreuses femmes conviées. En son absence, le discours du président a été prononcé par la ministre de la Solidarité, Mme Mounia Meslem. Au milieu des classiques tirades sur le rôle de la femme dans l'édification de la société et les rappels de ses droits, censés être égaux à ceux des hommes, quelques annonces sont distillées. La plus intrigante concerne le divorce "sous toutes ses formes notamment le divorce à l'initiative de l'épouse (el-khol')", précise-t-il. Le Président estime que "ce phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur dans notre société". M. Bouteflika a donc ordonné au gouvernement de "charger un comité ad hoc de la révision et du réaménagement des articles du code la famille relatifs au divorce", qui, toujours selon lui, "prêtent à interprétation". Il demande à cette commission d'y introduire "les clarifications et les précisions nécessaires afin de combler les insuffisances et garantir la protection des droits des deux conjoints et des enfants". "Cela signifie que nous devons améliorer nos lois relatives à la famille en harmonie avec les exigences de notre époque et de la vie moderne, aussi bien pour l'homme que pour la femme, (...) en veillant à assurer une totale conformité avec notre sainte religion", ajoute le président. Droits à l'information, au travail et à la santé Dans le même sillage, M. Bouteflika est revenu sur l'amendement du code pénal dans ses dispositions relatives à la violence contre les femmes, voté jeudi dernier à l'Assemblée nationale populaire (APN), qu'il considère comme étant "des solutions aux problèmes de la société". "J'ai été réjoui de la richesse des débats que les deux projets de loi initiés ont suscités", a-t-il indiqué. Néanmoins, le président appelle à mettre en place des politiques de communication et de sensibilisation plus efficaces. "Une nouvelle stratégie de communication sociale, pédagogique, adaptée et pérenne doit être élaborée et mise en œuvre avec le concours des femmes et des hommes de la profession", a-t-il estimé. Le Président entend également agir sur l'accessibilité des femmes au marché du travail. "La politique d'insertion de la femme dans les circuits économiques sera renforcée à travers une meilleure adaptation des mécanismes d'aide et de soutien à l'emploi et à l'entreprenariat". De même, le président compte réduire les inégalités hommes/femmes face au travail, souvent dues au statut de mère de famille. "Je demande instamment aux autorités compétentes de multiplier le nombre de crèches et de centres d'accueil de la petite enfance dont la répartition et l'accessibilité devront être à même de conforter l'autonomisation de la femme à travers la prise en charge des enfants", a-t-il instruit. Toujours dans le souci de sensibiliser la société à la problématique des droits de la femme, M. Bouteflika appelle le gouvernement à agir par "la diffusion et l'explication, à travers les différents médias, de l'ensemble de ces textes législatifs". Le gouvernement est également chargé d'organiser des conférences et des formations spécifiques pour lutter contre l'exclusion et l'asservissement des femmes, notamment celles qui n'ont pas reçu d'éducation. "Il incombe aux services concernés d'organiser des ateliers et des conférences contre la persistance des us et coutumes liés au conservatisme et à l'obscurantisme qui persistent à violer les droits de la femme et à entraver son autonomisation économique et sociale", exige le président, mettant l'accent sur la nécessité de "développer les possibilités d'accès à l'information en matière de la santé liée à la procréation". Enfin, le Président est revenu sur le contexte international marqué par les bouleversements politiques et sécuritaires que vivent les pays de la région. Il appelle "l'Etat, mais aussi toutes les forces politiques et l'ensemble des citoyens à redoubler de vigilance, (...) et à transcender les divergences, les convictions et les positions politiques des uns et des autres, car la conjoncture exige de placer les intérêts supérieurs du pays au-dessus de toute autre considération". Pour le président, la liberté d'opinion est garantie à tous, "pour peu qu'elle soit assumée de façon responsable". Des propos qui sonnent comme un rappel à l'ordre. A. H.