Après trois ans de sanglants affrontements, les différentes factions libyennes, partis politiques, milices, élus et gouvernement, semblent décidées à faire cesser la voix des armes. Malgré la persistance de différends entre les deux principaux camps, représentés par le Congrès général et le gouvernement de Tripoli, d'une part, et par l'assemblée élue et le gouvernement de Tobrouk, d'autre part, ces parties s'accordent aujourd'hui sur la nécessité d'un dialogue politique pour en finir avec la crise. C'est dans ce climat d'engagement que s'ouvre aujourd'hui, à Alger, le dialogue interlibyen. L'Algérie aura réussi à convaincre ses partenaires régionaux, les pays voisins de la Libye, particulièrement l'Egypte franchement favorable à une solution militaire, avant de revoir sa position, la communauté internationale, l'ONU et son envoyé spécial pour la Libye, Bernardino Léon, et à les faire adhérer à son option politique pour solutionner la crise dans ce pays. Pour atteindre cet objectif, l'Algérie a intensifié les contacts avec les différentes factions libyennes avec lesquelles elle entretient de bonnes relations, ainsi qu'avec les partenaires étrangers, notamment ceux impliqués dans le conflit en soutenant un camp ou l'autre. C'est le cas de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Qatar, de la Turquie, de l'Egypte, du Soudan, certains soutenant le gouvernement de Tripoli à majorité islamiste, les autres le camp du Parlement de Tobrouk internationalement reconnu. Une guerre par procuration qui a engendré, de fait, un pays divisé en deux avec deux Parlements et deux gouvernements qui s'affrontent pour le contrôle des zones pétrolifères. Un chaos qui a créé les conditions pour l'installation d'une filiale de l'Etat islamique qui menace, désormais, la stabilité de toute la région. L'Algérie avait abrité plusieurs rencontres de responsables politiques libyens pour les sensibiliser et préparer la base du dialogue. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a, d'ailleurs, révélé à l'APS que l'Algérie, à la demande des Libyens, avait reçu discrètement, à Alger, tout au long de ces derniers mois, plusieurs acteurs libyens relevant que le choix d'Alger pour la réunion d'aujourd'hui a été décidé par la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul). "Nous sommes raisonnablement optimistes et travaillons pour que le dialogue entre les frères libyens aboutisse au règlement de la crise que vit la Libye", a-t-il indiqué, en invitant "les frères libyens à un sursaut collectif vers (...) un consensus national sur la création d'un gouvernement d'union nationale et un règlement sur les arrangements sécuritaires qui permettront au pays d'évoluer et d'aller vers la constitution, des élections dans le calme et la sérénité, la sécurité et la stabilité". M. Lamamra esquisse, dans ce souhait, les contours des institutions de transition à mettre en place ; un modèle qui puisse rapprocher davantage les deux camps pour lancer la reconstruction du pays. Les dernières délégations sont arrivées hier à Alger. Il s'agit, selon M. Lamamra, d'"une quinzaine de dirigeants politiques de premier plan, des chefs de parti et des militants connus sur la scène libyenne", avant d'ajouter que les étapes suivantes seront fixées en fonction des résultats de cette rencontre. D. B.