La Parlement libyen élu, siégeant à Tobrouk (est), a émis hier son refus de la présence du Congrès général national (CGN-ancienne institution de transition), à la prochaine réunion de l'ONU, dans le cadre d'une tentative de lancement du dialogue inter-libyen. Cette décision va à l'encontre des efforts des pays voisins et d'une majorité de la communauté internationale qui prônent une solution négociée de la crise politico-sécuritaire libyenne, née au lendemain de la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi. Initié à la suite d'intenses efforts diplomatiques des pays de la région, ce dialogue butte sur l'opposition des deux principaux blocs politico-militaires qui se battent pour étendre leur contrôle sur l'ensemble du territoire libyen. Il y a Fajr Libya (Aube de la Libye) qui n'accorde aucune légitimité politique aux institutions élues en juin dernier, d'une part, et le Parlement élu ainsi que le gouvernement du Premier ministre Abdellah al-Theni, considérés par la communauté internationale comme les seuls représentants légitimes du peuple libyen, d'autre part. Fajr Libya contrôle la capitale Tripoli et une grande partie de l'ouest libyen depuis fin août dernier, après sa victoire contre la milice de tendance laïque des Zenten. L'actuel Parlement siège à Tobrouk au lieu de Tripoli, ce qui a aggravé davantage la crise politique libyenne puisque la Cour constitutionnelle suprême a rendu en novembre dernier un verdict invalidant la nouvelle Assemblée. La Constitution provisoire de la Libye stipule en fait que le Parlement doit siéger à Tripoli mais, pour des raisons sécuritaires, les députés se réunissent à Tobrouk, à l'est de Benghazi. Le CGN a été créé au lendemain de la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Sa mission s'était officiellement achevée après l'installation du premier gouvernement de transition post-Kadhafi. Il a été réactivé par Fajr Libya qui lui a donné le feu vert pour la formation d'un gouvernement parallèle à Tripoli. Alors que l'année s'achève, les milices libyennes et les forces progouvernementales se sont lancées dans une nouvelle bataille pour le contrôle des ressources pétrolières. Un signe que la guerre civile en Libye ne sera pas résolue de sitôt, malgré les appels de l'ONU à l'ouverture d'un dialogue pour la réconciliation de toutes les parties en conflits et la mise en place d'un gouvernement de transition représentant toutes les sensibilités politiques du pays. Par ailleurs, la Libye fait aussi face à la montée des groupes terroristes se réclamant de l'Etat islamique qui active actuellement en Syrie et en Irak. La ville de Derna ainsi qu'une partie de l'est libyen, frontalier avec l'Egypte, sont considérées comme la base arrière de ces groupes terroristes qui y ont installé leurs camps d'entraînement. Aussi, au milieu de ce chaos politique et sécuritaire, des voix s'élèvent pour dénoncer la présumée ingérence de l'ONU dans les affaires internes de la Libye. Le représentant de la Libye à l'ONU, Ibrahim Dabbachi, a accusé en effet lundi le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye et chef de la Manul, Bernardino Léon, d'ingérence dans sa relation avec le Parlement et le gouvernement légitimes. Alors que l'année 2014 s'achève, la Libye ne semble pas prête de renouer avec la paix et la stabilité, en raison de la multiplication des groupes armés et des milices à travers tout le pays. L. M.