Le 5e Salon international des fournisseurs de produits et services pétroliers et gaziers, qui s'est tenu à Alger du 3 au 6 mars 2015, a été dominé par les préoccupations autour des nouveaux enjeux qui agitent la scène énergétique mondiale suite à l'effondrement des cours du pétrole. Les grandes compagnies internationales pétrolières annoncent une réduction de leurs investissements entre 10 et 20%. C'est donc dans ce contexte morose que ce salon, qui se tenait habituellement à Hassi Messaoud, a élu domicile cette année à l'hôtel Hilton d'Alger, avec la participation d'une vingtaine de pays de tous les continents, représentés par de nombreuses entreprises, dont 91 exposants français, qui œuvrent notamment dans les secteurs des équipements industriels, des machines-outils, de la chimie, de l'informatique, de la sécurité industrielle, de l'électricité, de l'hydraulique, du contrôle de qualité ainsi que des services liés au pétrole et au gaz. Selon les organisateurs de cette manifestation, "il s'agit du plus grand salon des pétroliers au niveau africain qui permet aux décideurs du secteur des hydrocarbures et acteurs versés dans l'industrie pétrolière et gazière algérienne de se rencontrer de tirer bénéfice des meilleures opportunités d'affaires, de s'enquérir des derniers développements et technologies opérés à l'échelle internationale, mais aussi de cibler les besoins et attentes des clients dans le cadre de rencontres B to B". Cette rencontre a constitué l'opportunité de fructifier les contacts, valoriser le savoir-faire dans des activités en pleine évolution. Les organisateurs annoncent la signature de plus d'une centaine d'accords de partenariat entre les entreprises étrangères et algériennes à l'issue du forum. Par ailleurs, des débats autour des questions d'actualité ont été organisés et animés par des experts de renommée mondiale. Outre les relations d'affaires que les participants à ce salon ont pu tisser, deux interventions retiennent particulièrement l'attention, parce qu'elles synthétisent les enjeux géopolitiques, technologiques et financiers que laisse présager l'évolution de la sphère énergétique mondiale à l'horizon 2020. En premier lieu, pour Abdelmadjid Attar, "le premier forage expérimental du gaz de schiste a permis de produire, suite à l'utilisation de la fracturation hydraulique, un débit de 35 000 m3 par jour et une pression dynamique importante, ce qui est trois à quatre fois supérieur au potentiel avéré des forages américains". Concernant l'exportation du gaz vers l'Europe et des chances de l'Algérie de renforcer sa position de fournisseur privilégié de l'Europe, Francis Perrin, expert français et éditeur de deux revues spécialisées dans les questions énergétiques, a préconisé que l'Algérie devrait tenter de négocier avec l'Union européenne pour profiter de la crise ukrainienne. Attar pense en revanche que "l'Algérie a besoin de tout son gaz" et devrait se soucier avant tout de sa "sécurité énergétique" tout en mettant le cap sur la diversification de son économie. "Nous n'avons pas à chercher à remplacer la Russie, car nos réserves ne nous permettront pas de le faire sur le long terme", car l'Algérie, selon lui, n'a pas à intensifier ses exportations d'hydrocarbures vers l'Europe et devrait plutôt, au vu de la hausse de sa consommation interne, se concentrer sur l'augmentation de son potentiel de production d'hydrocarbures et à réfléchir sur le long terme à son propre devenir énergétique, cette question étant devenue, selon ce dernier, la préoccupation de tous les pays en perspective d'un avenir énergétique incertain en 2030. S'agissant du léger rebond du prix du baril, les deux experts ainsi que le directeur de la prospective au ministère de l'Energie, lors d'une table ronde animée par Canal Algérie, ont marqué leur accord sur le fait que cette amorce n'est pas significative d'une dynamique haussière structurelle, compte tenu de nombreux facteurs techniques, financiers et géopolitiques. Dans la foulée, ils ont salué les efforts entrepris par l'Algérie en direction des pays grands producteurs de pétrole non membres de l'Opep, afin d'endiguer la chute des prix de l'or noir. Ils ont estimé par ailleurs que le déséquilibre actuel entre l'offre et la demande n'incite pas les grandes compagnies pétrolières internationales à investir dans ce secteur. A. H.