Abdelmadjid Attar soulignera que le marché du gaz est très sensible car indexé sur les prix du pétrole prédisant, du coup, des incertitudes tout aussi grandes pour l'Algérie. Le workshop organisé, hier à Oran, en collaboration avec l'école préparatoire en sciences économiques, commerciales et sciences de gestion d'Oran et l'Association algérienne de l'industrie du gaz, qui a pour thème "Marchés mondiaux de gaz naturel : enjeux, stratégies d'acteurs et impact", a été une occasion de replacer au cœur des débats la question d'une nouvelle stratégie énergétique qui s'impose à l'Algérie et celui du modèle de consommation interne. Les raisons avancées et reprises depuis des mois par les différents experts : la chute des prix du baril de pétrole, les mutations des marchés gaziers notamment pour le gaz naturel, et ce, depuis l'arrivée de nouveaux acteurs sur ce marché. Les différents orateurs à intervenir lors de la première journée, comme Mustapha Mekidèche, vice-président du Cnes, Abdelmadjid Attar, ancien ministre et consultant ou encore l'expert Mohamed Mebtoul, évoqueront cette tendance dressant même des perspectives sombres où la position de notre pays, en tant que producteur et exportateur de gaz naturel, se trouvera de plus en plus fragilisée. Et chacun de préconiser des mesures pour asseoir une nouvelle stratégie énergétique, indispensable pour l'économie et basée sur la redéfinition de la politique des tarifs énergétiques en Algérie, une réduction des subventions du moins en les réorientant et la modification des modèles de consommation des ménages caractérisés par le gaspillage. Ainsi pour Mustapha Mekidèche, le gaz naturel est en compétition avec d'autres ressources énergétiques comme les énergies renouvelables, le charbon, le gaz non conventionnel. Dès lors l'Algérie "voit ainsi sa position de producteur fragilisée et d'exportateur menacée, ajouté au contexte économique de baisse de la croissance en Europe, des perspectives de demande de gaz naturel modéré jusqu'en 2013". L'orateur enchaînera sur le niveau de consommation interne du gaz naturel qui représente 34% du total de l'énergie consommé et de développer son argumentaire sur la question de la "tarification obsolète en Algérie" du gaz et de l'électricité avec cette nécessité de réviser cette politique, dira-t-il plus loin. Le professeur Mebtoul abondera dans le même sens, évoquant des recettes issues des hydrocarbures, en chute libre depuis juin 2014 : "Si les cours des prix du baril de pétrole se maintiennent dans la tendance baissière, les pertes pour le budget seront de 20 à 30 milliards de dollars", dira ce dernier en basculant sur les effets que cela aura sur le budget de l'Etat et par conséquent les mesures à prendre. L'ancien conseiller de Belaïd Abdesselam plaidera pour la mise en place d'une stratégie énergétique en Algérie basée sur "un mix énergétique, une nouvelle politique de tarification de l'électricité et du gaz et une révision des subventions représentant 28% du PIB", ce qui est, selon l'orateur, énorme. Mais Mohamed Mebtoul tiendra à faire part d'un autre facteur, celui de la dimension géopolitique influant sur l'évolution des marchés mondiaux, et de citer la Russie, le probable accord à venir entre l'Iran, les Etats-Unis et l'Europe, qu'il prédit au passage dans un délai de 6 mois et, enfin, la décroissance de l'économie mondiale. L'ancien ministre, Abdelmadjid Attar, soulignera dans la continuité des autres interventions, que le marché du gaz est très sensible car indexé sur les prix du pétrole prédisant du coup des incertitudes tout aussi grandes pour l'Algérie dans le contexte de récession économique mondiale. "La sécurité énergétique est quelque chose de vital, et en Algérie le débat de la rente et des réserves d'hydrocarbures est posé." Interrogé par la presse, Mustapha Mekidèche récusera l'argument qu'une augmentation des tarifs énergétiques serait la solution de facilité. "L'Etat a trop tardé s'agissant de la révision des prix du gaz et de l'électricité et il faut revoir les prix et diminuer la consommation. Les tarifs sont trop bas, mais cela doit être progressif, il faut envoyer un signal fort à la population et à la classe politique", dira-t-il. D. L.