Voilà un autre point de discorde qui devrait approfondir encore plus qu'il ne l'est déjà le fossé entre les clubs professionnels et leur tutelle ministérielle. Déjà qu'il ne semble jamais le bon moment, encore moins très opportun, de rappeler aux récemment créées sociétés sportives par actions (SSPA) qui gèrent les clubs de l'élite nationale leur devoir envers la Caisse nationale d'assurances sociales (Cnas), voilà que la récente objection du ministère de la Jeunesse sonne déjà comme un ultimatum qui ne risque certainement pas de redonner le sourire aux présidents. Notamment lorsqu'il s'agira de s'acquitter continuellement des cotisations faramineuses prélevées sur des salaires tout aussi faramineux et non de verser des cachets définis d'avance car calculés sur la base d'une rémunération fixe plafonnée à 12 millions de centimes mensuels (soit 12 fois le SNMG). Force est, cependant, de reconnaître que sur ce point précis, c'est logiquement le MJS qui a forcément raison, textes de lois à l'appui. Déjà qu'ils sont (largement) favorisés sur tous les plans, on ne peut tout de même pas chouchouter davantage les footballeurs de Ligue 1 en contournant irrégulièrement les lois de la République pour leur accorder une (autre) concession financière. D'autant plus que, presque cinq ans après le lancement de la professionnalisation du football d'élite en Algérie, la grande majorité d'entre eux n'est même pas déclarée à la Cnas et à l'administration des impôts, et de ce fait ne paient pas les cotisations sociales et fiscales exigibles à tout travailleur, alors que ce sont des obligations consacrées par la loi. Il serait, surtout, aberrant de la part du MJS d'accepter de calculer les redevances de la Cnas sur un salaire (12 millions de centimes) qui demeure fictif et non appliqué ! Pourquoi donc le MJS cautionnerait-il une telle démarche que les actuels présidents de club estiment salvatrice (pour leurs bourses respectives), alors que ce sont ces mêmes présidents qui avaient, dans un passé encore récent, foulé aux pieds les recommandations de leur tutelle de plafonner les revenus mensuels de leurs joueurs à 12 millions de centimes en accordant des primes faramineuses à certains de leurs éléments ? Cela ressemblerait à s'y méprendre à une légalisation de la fraude ! De plus, si un président de club accepte de verser à un Belaïli plus de 400 millions par mois, à un Chaouchi 300 millions, encore plus à un Hachoud, à un Karaoui près de 300, autant à un Beldjilali, à un Cédric, à un Zemmamouche et à tant d'autres, ce même dirigeant devrait être capable de s'acquitter tout aussi facilement des redevances relatives à la Cnas et aux impôts. Le taux de la cotisation de la sécurité sociale étant de 35%, ventilé à raison de 26% à la charge de l'employeur et 9% à la charge du footballeur-travailleur, ne devrait, de fait, aucunement poser problème à un responsable de club qui a refusé de s'astreindre au plafonnement de salaire, lui préférant des surenchères monstres à hauteur de 300% qu'aucune vérité du terrain ne justifie. R. B.