Quatrième chapitre : la fuite Résumé : Maria n'a cessé de penser à Yahia. Même si c'était elle qui avait refusé de le revoir, elle n'en revient pas qu'il ait refait sa vie, qu'il ait accordé à une autre qu'elle ce qu'il lui a toujours refusé. Elle a beaucoup de regrets. Elle n'aurait jamais dû lui faire un bébé dans le dos... -Pourquoi ne prendrais-tu pas quelques jours de congé ? Tu pourrais venir ici et te reposer ! -J'aurais aimé, répond Maria. Mais chaque fois que Salem tombait malade, je prenais ma journée, et si j'ai bien fait les comptes, il m'en reste pas beaucoup ! Je vais me rendre à Alger, pour assister au mariage d'une amie ! -Cela te fera du bien, de t'amuser un peu ! Mais l'invitation tient toujours ! Tu peux même débarquer à l'improviste ! Tu seras toujours la bienvenue ! -Merci, mon amie ! -Raconte-moi les exploits de Salem, la prie Samira. -Il dit non à tout, raconte Maria, très émue. Même quand il veut quelque chose ! Et quand ça lui déplaît, il se roule sur le tapis ! Samira, je l'adore ! -Oui, je sais, ça s'entend ! -Il est tout pour moi ! Je ne vois rien d'autre que lui et son bonheur, confie Maria. Jamais je n'aurais cru que c'était possible d'aimer aussi fort ! -Son père aussi, tu l'aimais à la folie ! -Oui, c'est vrai... Cette discussion était censée l'aider à oublier Yahia. -Salem passe tout son temps à répéter des "papa" au point de me donner la migraine ! -T'es jalouse ! s'exclame son amie. Mais c'est normal qu'il dise papa ou maman! -Il n'a jamais dit maman ! Je crois que s'il avait un père dans sa vie, il l'aimerait plus que moi ! -Surtout s'il a une voiture et qu'il aime traîner dehors ! Alors là, oui, je te le confirme ! Il te fera une crise chaque fois qu'il s'apprêtera à sortir sans lui, dit Samira avant d'ajouter, si tous les enfants en bas âge sont comme les miens... ! Maria soupire. Elle n'écoute plus son amie. Ses pensées l'emmènent loin du bureau. Elle imagine Yahia et Salem ensemble. Son fils ferait le bonheur de son père rien qu'en poussant des "papa". Sait-il qu'il passe à côté d'un bonheur à l'état pur ? La venue au monde de Salem avait changé sa vie. Est-ce qu'elle aurait pu le bouleverser et le rendre meilleur ? -Maria, t'es là ? -Excuse-moi, dit-elle. Je dois raccrocher. Je te rappelle plus tard ! Elle pose le combiné alors qu'un collègue, Dahmane, entre dans son bureau. Elle l'a vu venir. Ce n'est pas la première fois qu'il cherche sa compagnie. C'est un beau brun avec qui certaines collègues rêvent de sortir. -Je ne te dérange pas, j'espère ? -Non mais j'ai du travail, répond-elle en lui montrant du regard un tas de papiers administratifs. Tu as besoin de quelque chose ? -Je voulais t'inviter à la sortie du boulot, lâche-t-il. On pourrait prendre un pot ? Maria hausse les sourcils de surprise. Elle ne s'attendait pas à son invitation. Il s'était jeté à l'eau... pour rien. -Je n'ai pas l'habitude de sortir avec les collègues, répond-elle. On m'attend à la maison ! -Mais j'ai vu que tu n'es pas mariée, dit Dahmane. Tu me plais beaucoup et je pense même qu'on pourrait faire un bout de chemin ensemble ! Si ça marche bien entre nous, on pourrait se marier ! Maria secoue la tête, elle n'en revient pas. -Ce n'est pas possible... khoya (mon frère), je ne peux pas. J'ai perdu mon fiancé il y a des années, ment-elle. Et j'ai juré de ne pas me marier ! -Oh non ! Pourquoi ? Tu es jeune et belle ! Et je voudrais t'offrir le meilleur ! Je crois que je suis fou amoureux et que je ne peux pas envisager la vie... sans toi ! Maria rougit. Des larmes brillent dans ses yeux. Une boule grossit dans sa gorge. Ces mots, elle aurait voulu que ce soit Yahia qui les lui dise. Elle se rend compte que, malgré tout, elle n'a pas cessé de l'aimer. "Sois maudit, où que tu sois Yahia de malheur !". (À suivre) A. K.