Deuxième chapitre : Une autre chance : Résumé : Maria nomma son fils Salem, fruit d'un amour à sens unique. Il la comblait de bonheur. Elle regrettait qu'il ressemble trop à Yahia. Au bureau, un des responsables s'intéresse sérieusement à elle, mais devant son refus, il ne trouva pas mieux que d'envoyer un rapport pour la calomnier... Maria eut beau se défendre, elle perdit la face quand on l'interrogea sur son fils. Ils étaient fort nombreux au travail à ignorer sa réelle situation. Ils n'hésitèrent pas à conclure que la naissance du petit Salem était liée à sa mauvaise conduite. Néanmoins, malgré le mépris affiché par tout le monde, ils ne pouvaient pas cacher aussi leur admiration. Car il fallait être courageux pour garder la tête haute bien que perdante, bien que fautive, surtout avoir le courage de garder un enfant né hors mariage. La seule personne qui prenait sa défense était Samira. - Je vous dis qu'ils sont mariés religieusement. Ils sont séparés pour quelque temps seulement... - Pourquoi ne sont-ils pas allés à la mairie ? interrogeait l'un. - Qu'est-ce qui le retient ? demandait l'autre. - Il est porté disparu comme des milliers d'autres, dit Samira. S'il revient un jour, rien ne l'empêchera de reconnaître son fils ! Ils pourront fonder une famille aussi normalement que vous... Alors, ne la jugez pas ! Depuis le début de cette guerre, de nombreuses jeunes filles et femmes ont été enlevées à leurs familles, et si elles n'ont pas trouvé la mort au maquis, nombreuses sont celles revenues enceintes ! Alors arrêtez de la regarder de haut ! Ne la jugez pas ! ça pourrait arriver à n'importe qui ! Une de vos filles, de vos nièces ! Seulement, si certains collègues, hommes et femmes, se montrèrent moins durs, ceux qui firent partie de la commission disciplinaire n'eurent aucun remords en prenant la décision de la sanctionner sévèrement. Maria était renvoyée. Elle fit appel tout en sachant qu'il faudrait attendre plusieurs semaines, voire des mois, pour avoir une réponse. Elle ne perdra pas de temps en se mettant à chercher ailleurs. Les prochains jours, elle s'occupera de son fils. Le petit Salem n'eut plus à être gardé par la mère de Samira, qui avait aussi sous sa responsabilité les enfants de cette dernière. Très gentille, elle lui demanda de garder courage. - Cela a dû être un choix très difficile... Ce n'est pas maintenant qu'il faut baisser les bras ! - Je ne vois pas ce que je pourrais faire, lui dit Maria. Maintenant que je viens d'être renvoyée, je ne pourrai jamais plus me trouver un boulot, même temporairement ! - Ne désespère pas ma fille... Il serait trop injuste que le petit Salem voit sa mère pleurer alors qu'elle a tout sacrifié pour lui ! Maria essuya ses larmes et embrassa la mère de son amie. - Merci ! - Passe avec Salem ce week-end pour me tenir compagnie... Tu sais combien je vous aime ! - C'est réciproque, dit la jeune femme en installant son fils dans la poussette. On viendra sûrement, promit-elle avant de partir. Pourtant, elle savait qu'elle ne viendrait pas. Elle n'avait pas la force morale pour sortir affronter ceux qui la méprisaient. Elle avait toujours eu la force de tenir tête à la situation. Peut-être parce qu'elle était indépendante ? Sur tous les plans. Le financier, surtout ! Et voilà que maintenant, parce qu'elle avait osé refuser un homme, elle se retrouvait seule et sans emploi. Ce soir-là, Dalila l'appela toujours pour avoir de leurs nouvelles. Maria ne put presque pas parler au début tant elle étouffait de rage. Elle pleurait. à travers les quelques explications arrachées, Dalila put comprendre la situation. - Voyons Maria, tu t'es toujours attendue à ce jugement défavorable ! Notre société ne pardonne pas à la femme quand elle fait le mauvais choix ! Tout le monde était d'accord avec toi car tu avais réussi ! Mais maintenant, tout le monde va se retourner contre toi, sauf tes vrais amis, ajoute Dalila. Et si tu es d'accord, viens à Alger ! lui proposa-t-elle. Ça te fera du bien... Je pourrais connaître Salem... Maria hésitait. Elle craignait seulement de rencontrer Yahia. Et s'il voyait Salem, il saurait sans même lui poser de questions. Ils se ressemblaient trop. Elle découvrait qu'elle avait assez de force pour traverser l'enfer mais elle ne pourrait jamais se séparer de son fils ou le partager. - Dalila, j'ai besoin de réfléchir, lui dit-elle. - Maria, mets-toi en tête que Yahia n'est pas un monstre ! Sur ce, elle raccrocha, laissant pensive son amie. Cette dernière réfléchit. Elle appela la mère de Samira et lui demanda si elle pourrait garder Salem le temps d'une semaine. - Mais bien sûr ! Amène-le-moi quand tu veux ! Quand Dalila rappela pour avoir la réponse, Maria avait déjà pris sa décision. Elle partirait à Alger. Et tant pis pour son cœur si elle avait à revoir Yahia. (À suivre) A. K.