Quatrième chapitre : la fuite Résumé : Maria va aux toilettes pour sécher ses larmes. Dahmane n'est plus dans son bureau lorsqu'elle revient. Elle est soulagée. Elle espère qu'il a bien compris. Mais après avoir emmené son fils dans une aire de jeux, il la surprend. Elle lui demande de la laisser tranquille avant de prendre son fils. Même si elle ne rentre pas directement, il la suit. Maria se sent vraiment mal... La jeune femme aurait continué à marcher à travers le quartier, son fils dans ses bras, mais Salem ne tenait plus en place. Elle était contrainte de rentrer, prenant le risque qu'il voit où ils habitent. Quand elle arrive à son palier et qu'elle ouvre la porte, elle n'allume pas la lumière. Elle ne veut pas qu'il voit à quel étage elle habite. Elle referme la porte à clef et garde Salem contre elle. Elle s'approche de la fenêtre et regarde à travers le rideau. Dahmane est encore là. il semble regarder vers eux. Elle s'éloigne de la fenêtre. Son cœur cogne très fort. Elle a peur qu'il ne monte. Elle n'a jamais fréquenté ses voisins et ne recevait presque jamais. En fait, à part Sonia qui était passée une fois, personne n'avait mis les pieds chez elle. Elle s'était faite discrète. Elle n'avait pas de vie en dehors de son fils et de son travail. Là, en cet instant, elle regrettait de ne pas avoir quelqu'un à appeler pour lui confier sa peur. Elle attend un peu avant de regarder de nouveau dehors. Elle soupire de soulagement en voyant Dahmane tourner le dos et partir. -J'ai eu chaud, murmure-t-elle à l'oreille de Salem. Pourvu qu'il ne revienne pas ! Qu'il ne pose pas de questions aux voisins ! Elle se souvient que le propriétaire de l'appartement avait été difficile à convaincre pour le lui louer. En général, on ne loue pas aux jeunes femmes, et encore moins à une mère célibataire. Elle lui avait montré ses papiers administratifs. Elle n'allait pas faire de l'appartement un lieu de débauche. Si Dahmane revient ici et qu'on le remarque, elle allait avoir des problèmes. Elle le sentait. -Mama ! -Oui, je vais m'occuper de toi, mon petit amour ! Elle a allumé la lumière. Elle a retrouvé son calme, mais l'inquiétude ne la lâche pas. Elle regarde Salem enlever ses baskets en les frottant l'un à l'autre. Elle lui retire sa doudoune puis allume la télé et choisit la chaîne où étaient diffusés des dessins animés. Elle prépare rapidement leur dîner. Parfois, elle va jusqu'à la fenêtre pour voir si Dahmane ne traînait pas dans le quartier. Aucune trace de lui. Elle soupire de soulagement. Elle prie pour qu'il retrouve la raison et ne cherche plus après elle. Elle peut comprendre son envie d'en savoir plus sur elle. Elle a été claire avec lui. Il n'y aura rien entre eux. Même s'il tient à lui offrir un foyer à elle et à son fils, elle ne pourra jamais l'aimer. Elle ne serait pas impatiente de l'appeler pour entendre sa voix, de le voir rentrer le soir, de lui prouver son attachement. Car le seul homme qu'elle ait aimé plus que de raison est Yahia. Il l'avait meurtrie. La plaie était encore là. Même si elle avait fait ce qu'elle voulait de sa vie, elle en souffrait maintenant. Salem ne lui pardonnera jamais. Lorsqu'il sera grand, il va la juger, la condamner comme le fait la société. Il ne voudra plus d'elle dans sa vie. Elle ne pouvait s'empêcher de trembler à cette éventualité. Salem est tout ce qu'elle a sur Terre. Elle ne veut pas le perdre. Parfois, elle rêvait qu'il prenait ses affaires et partait furieux. Elle courait le retenir. À chaque réveil du cauchemar, elle se réveillait en larmes et en sueur. Maria ne rêva pas de son fils ce soir-là, mais de Dahmane qui la suivait. Elle avançait dans un quartier inconnu et se retrouvait devant une impasse. Dos au mur, elle voyait Dahmane se jeter sur elle... (À suivre) A. K.