La Conférence nationale sur le commerce extérieur a, au moins, ce mérite de faire éclater au grand jour les incongruités qui déstructurent l'activité de l'import-export en Algérie. Se référant aux maigres résultats des exportations algériennes en dehors des hydrocarbures, évaluées à seulement 2,8 milliards de dollars, le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, n'a pas choisi la langue de bois pour apporter sa contribution dans ce large débat sur ce créneau qui suscite d'énormes convoitises de la part des opérateurs. Dans son intervention, il lancera tout de go : "L'Algérie est un pays non exportateur !" Il trouve inconcevable que l'acte d'exporter soit exposé à des poursuites pénales. "L'ordonnance 96-22 relative aux infractions de change complique l'existence aux opérateurs", déplore-t-il. Au lieu d'encourager et d'aider cette activité naissante en Algérie qu'est l'exportation, le législateur brandit, d'ores et déjà, la menace des poursuites judiciaires. Un incident de paiement ou un défaut de rapatriement est considéré comme une infraction lourde. Or, "ce type d'erreur existe partout dans le monde. Et il ne faut pas oublier que nous sommes encore à nos débuts dans le commerce extérieur", affirme M. Nasri, qui demande aux autorités de rassurer davantage les opérateurs, et sollicite un prérequis, à savoir la "dépénalisation de l'acte d'exporter". Le président de l'Anexal revendique une approche sélective du commerce extérieur pour les opérateurs 100% exportateurs. En termes plus clairs, il demande une disposition particulière quant au risque de change. Car, argue-t-il, l'impact de ce dernier peut être fatal aux entreprises totalement exportatrices. Le même avis est partagé par Arezki Issiakhem, P-DG du groupe Isser Délice, qui refuse que l'on attribue le même statut et, par conséquent, des avantages similaires, à la fois aux producteurs et aux importateurs. Il exhorte, dans ce sens, les autorités pour que des zones destinées à l'exportation uniquement soient mises en place dans les ports. Outre l'absence criante des banques algériennes à l'étranger, les missions économiques au sein des ambassades doivent, selon lui, s'impliquer davantage. M. Issiakhem n'arrive plus à admettre que dans un pays producteur d'hydrocarbures comme l'Algérie, des huiles synthétiques soient importées. "C'est scandaleux !", regrette-t-il. Abordant les licences d'importation qu'envisage de reprendre l'Etat, le P-DG du groupe Isser Délice, avoue que cette mesure, si elle n'était pas bien maîtrisée, risquerait de mettre à genoux notre pays. "Je préfère qu'on laisse les importateurs travailler tout en instaurant une taxe de revente en l'état", suggère-t-il. Une moyenne de 2 000 nouveaux importateurs a été observée par année pendant la même période (2010-2014), qui viennent s'ajouter aux opérateurs déjà opérationnels. Quant aux exportateurs, les statiques du ministère du Commerce affichent une faible augmentation du nombre de ces opérateurs passant de 855 à 1 156. À titre illustratif, il a été recensé, pour la période considérée, seulement 74 exportateurs (personnes physiques) et 227 sociétés commerciales. Sur les 41 641 importateurs inscrits au registre du commerce, 24 919 sociétés seulement se sont conformées aux dispositions de l'arrêté fixant la durée de validité du registre du commerce à 2 années renouvelables, soit un taux de 60%. Le reste, soit 16 722 importateurs, ne peut légalement exercer une activité commerciale, car détenteurs de l'ancien extrait du RC. B. K.