Les détails de ce programme ne sont pas encore dévoilés. Le plan anti-crise, concocté et adopté lors du Conseil des ministres restreint consacré à cet effet, n'a pas dévoilé le détail des mesures arrêtées. Un plan B, voire C, ont été probablement envisagés. Si tel est le cas, il faut s'attendre à ce que le volet social, préservé jusqu'à présent, sera touché avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer. "Nous avons pris en compte toutes les possibilités et imaginer les pires scénarios. Bien que les choses ne se règlent pas dans le court terme, nous avons pris toutes nos dispositions pour continuer le programme du gouvernement dans tous ses volets ayant trait au social, l'habitat, l'école, l'eau, et l'université" avait déclaré le Premier ministre, lors de la cérémonie d'inauguration du Salon de la production nationale. Parmi les mesures phares du plan anti-crise, on peut noter la rationalisation des dépenses d'équipement, celles de fonctionnement, en gelant notamment les recrutements dans la Fonction publique. Dans ce domaine, 80% de dépenses incompressibles sont consacrées aux salaires et les transferts sociaux ne cessent d'augmenter, grevant lourdement le budget de l'Etat. Par ailleurs, l'un des principaux axes du plan anti-crise concerne la restriction des importations qui atteignent environ 70 milliards de dollars/an. À l'évidence, ce volet pose problème. Certains responsables affirment que 80% de nos importations sont destinées au fonctionnement de l'économie nationale. Et pourtant, tout le monde sait que notre pays est devenu "une poubelle", pour les produits non conformes. Ainsi, même si le pouvoir tente de rassurer la population, la chute brutale des cours de l'or noir, prédite par les experts et ignorée superbement par les autorités, jusqu'a ce qu'elles soient mises dos au mur, vient rappeler à tous qu'il grand temps de se préparer à une cure d'austérité. L'Etat doit donner l'exemple en réduisant son train de vie. Le président de la République est monté au créneau pour souligner la gravité de la situation en invitant la nation et les institutions à la prudence. Tous les citoyens savent que le mode de gouvernance dans notre pays a favorisé la frénésie dispendieuse des institutions et responsables de l'Etat. Le Premier ministre, pour sa part, aurait instruit les membres du gouvernement "de réduire au maximum leur train de vie, de s'abstenir de créer toute nouvelle Epic, de baisser la cadence des journées d'étude, séminaires et autres manifestations budgétivores". On sait par ailleurs, que le gouvernement a décidé de geler le recrutement dans la Fonction publique et le report de certains projets d'infrastructures dont l'immédiateté n'est pas avérée. Comme on sait que l'abrogation de l'article 87bis est maintenue avec toutes les incidences financières que cela suppose, d'autant que les transferts sociaux dépassent le seuil du raisonnable. De même que les subventions des biens de large consommation seront également maintenues. Entretemps, les importations continuent leur ascension, l'informel revient en force et il est pratiquement impossible d'endiguer l'évasion fiscale ainsi que la fuite de capitaux. À ces effets pervers, liés en grande partie à l'absence, voire au laxisme de l'Etat par l'abandon de ses fonctions régaliennes d'encadrement et de régulation de l'économie vient s'ajouter la corruption et la dilapidation des deniers publics. Mais il n'y a pas que cela. Le train de vie de l'Etat, ce sont aussi les parcs véhicules des ministères, de la présidence de la République, des deux chambres du Parlement et des entreprises publiques et autres institutions dont l'utilité reste à prouver. Les frais de leur maintenance et de leur consommation inouïe du carburant, pèsent lourdement sur le budget de l'Etat. Les somptueuses résidences d'Etat dans la capitale et au niveau des wilayas ainsi que tout le patrimoine immobilier en Europe et particulièrement en France, sans omettre, bien évidement, le faste des réceptions de nos représentations diplomatiques à l'étranger lors d'événements nationaux. De même que le ballet des délégations étrangères en Algérie. À toutes ces dépenses, il faut ajouter les nombreux avantages, accordés aux ministres, aux députés, aux sénateurs et autres hauts responsables de l'Etat à travers des décrets non publiables. En vérité, toutes ces anomalies ne sont que la partie visible de l'iceberg, tant le pays est géré dans une grande opacité et tant les tenants du pouvoir, demeurent agrippés à la rente pétrolière. In fine, l'Etat ne semble pas se soucier de la crise qui nous impacte ; mais s'il devait prendre des mesures anti sociales, ce qui risque d'arriver, dispose-t-il de la légitimité populaire nécessaire qui lui permet de franchir ce pas? Rien n'est moins sûr. A. H.