L'Algérie est dans le collimateur des terroristes opérant en Libye. Ces derniers agissent en vue d'affaiblir aussi bien l'Algérie que la Tunisie, a dit Ahmed Barka, ministre libyen de l'Intérieur. Dans une interview au quotidien tunisien d'expression arabe As-sarih, le ministre a parlé longuement des plans des groupes terroristes, en particulier ceux de Fajr Libya qui contrôlent les frontières tuniso-libyennes. Cette position leur permet, a-t-il dit, d'agir à leur guise pour faciliter le passage des terroristes à travers les deux pays. Dans ce contexte, il a précisé que le Sud tunisien — en particulier la région de Medenine — est infesté de caches d'armes transportées vers la Tunisie depuis 2011. Cette opération de transfert d'armes s'est poursuivie durant les années qui ont suivi la "révolution" libyenne. À ce propos, il a accusé, sans le nommer, un pays du Golfe d'avoir servi de soutien aux terroristes au cours de cette période pour transférer des armes vers la Tunisie. Des armes sont, aussi, stockées à djebel Chaâmbi (Kasserine) pour servir dans des attaques terroristes en Tunisie et en Algérie, a encore dit le ministre. À propos des voitures piégées que devait recevoir à la frontière le groupe des neufs terroristes tués, samedi dernier, dans la région de Gafsa, M. Barka a confirmé la thèse tunisienne ajoutant que les terroristes allaient les utiliser dans des frappes le jour même où la Tunisie organisait une marche internationale contre le terrorisme. C'était pour donner plus d'éclat à leurs actions terroristes et pour avoir plus d'impact sur l'opinion publique. Il a parlé, aussi, d'une collaboration étroite entre les terroristes opérant en Tunisie et en Libye. Le but est de mettre la main sur la région "ouest" de la Libye, ce qui leur faciliterait l'entrée en territoire tunisien. À propos des relations entre Fajr Libya et Daech, il a précisé que le premier est constitué de Libyens, alors que le second regroupe en son sein diverses nationalités (Tunisiens, Algériens, Irakiens, Soudanais, Maliens et Nigériens). Ainsi, de structurelles à l'origine, les dissensions revêtent, aujourd'hui, un caractère idéologique. Parmi les têtes pensantes du terrorisme en Libye, Ahmed Barka a cité le nom d'Abdelwahab El-Gaydi qu'il considère comme l'un des plus dangereux chef terroriste d'Aqmi. Celui-ci, a-t-il précisé, agit en étroite collaboration avec le tunisien Abou Iyadh. Ils partagent la même idéologie et les mêmes plans d'action. Tous deux collaborent avec Fajr Libya pour assurer le transfèrement d'armes et de terroristes vers le territoire tunisien. Pour aider à l'éradication de ce fléau, le ministre libyen a annoncé que son gouvernement mettrait, prochainement, en circulation un nouveau passeport "infalsifiable". Cela aiderait à empêcher les terroristes de voyager à travers les postes frontaliers comme ils continuent à le faire, à ce jour, pour se rendre en Tunisie ou en Algérie. Par ailleurs, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Tayeb Baccouche, a reçu une délégation de "notables libyens pour la réconciliation". Ils sont venus exposer au ministre tunisien leur initiative d'amener tous les Libyens à la table de négociation pour favoriser une sortie pacifique de la crise dans laquelle s'est enlisée leur pays. M. K.