Les chefs des tribus du sud-ouest de la Libye se sont entretenus, hier, avec les responsables du Parlement exilé à Tobrouk, a rapporté al-Hadeth, un journal local. La rencontre avait pour ordre du jour l'escalade des violences armées dans le Sud libyen, où une autre guerre meurtrière se déroule depuis des mois à huis clos, a précisé la même source. Les violences armées, conséquence du chaos politique post-Kadhafi, fin 2011, opposent les tribus touboues aux Touareg qui contrôlent la ville d'Oubari, à la frontière algérienne. Les Touareg sont ouvertement accusés de soutien aux groupes terroristes activant dans le Sahel. Les rapports des services de renseignements occidentaux ont fait état de l'existence de liens étroits entre les Touareg et les mouvements jihadistes Ansar Eddine et les Signataires par le sang, respectivement dirigés par Iyad Ag Ghali et le terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar. Créé en 2012 par Belmokhtar, le groupe des Signataires par le sang a mené, en janvier 2011, son attaque meurtrière contre le site gazier de Tiguentourine à In-Amenas, en traversant la frontière libyenne. Cette attaque avait été suivie d'une prise d'otages qui a échoué, suite à l'intervention des forces spéciales de l'Armée nationale. Malheureusement, 28 travailleurs y ont trouvé la mort, dont des étrangers employés par la compagnie britannique British Petroleum. Oubari : hub terroriste Bien avant le déclenchement de "la révolte populaire" en Libye en 2011, la ville d'Oubari a été sous la loupe des services de renseignements algériens et français. Après la chute du régime de Tripoli et la mort du défunt guide Mouammar Kadhafi, la région du bassin de Zeffan est devenue la plaque tournante de tous les trafics d'armement et de contrebande en tous genres. Les groupes armés du Nord-Mali auraient même déclenché leur rébellion grâce à l'arsenal militaire libyen de Kadhafi. Chassées du Nord-Mali, par l'opération Serval de l'armée française, les troupes de Belmokhtar et d'Ag Ghali ont trouvé momentanément refuge à Oubari et poursuivi leur trafic, jusqu'à récemment. "C'est là que se trouvent le chef jihadiste Belmokhtar, mais aussi Iyad ag-Ghaly, le leader d'Ansar Eddine. Le sud de la Libye est devenu un hub terroriste", avait déclaré, en décembre, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors de l'installation de la base militaire française de Madama dans le nord du Niger. La base de Madama a été installée, dans le cadre de l'opération militaire française Barkhane, qui a été mise en place en remplacement de l'opération Serval. La guerre autour du contrôle d'Oubari est également suivie de près par le Tchad voisin. Le président du Tchad, Idriss Deby, dont le pays est présent militairement sur tous les fronts, ne compte pas rester en marge des bouleversements qui secouent la Libye et qui influent directement sur l'ensemble de la région sahélo-saharienne. À noter que les Touareg et les Toubous, ainsi que les tribus arabes, se disputent depuis des décennies le contrôle des routes du commerce, mais l'enjeu majeur aujourd'hui est celui des gisements pétroliers du Sud libyen qui attisent toutes les convoitises. L. M.