Sur la question du traitement des passagers algériens au niveau de l'aéroport de Frankfurt, on estime que les mesures sont quelque peu exagérées, mais elles relèvent de la politique de la lutte contre le terrorisme. La Compagnie aérienne allemande, Lufthansa, sera bientôt de retour en Algérie, a-t-on appris de sources diplomatiques à Berlin. Le feu vert politique a été donné à cette entreprise qui a quitté le pays après le sanglant détournement de l'avion d'Air France à l'aéroport d'Alger en décembre 1994, pour étudier les possibilités d'assurer à nouveau des liaisons aériennes avec l'Algérie. “Lufthansa a été informée qu'il était, désormais, possible d'assurer des dessertes sur l'Algérie et cette compagnie est en train d'étudier cette perspective sur le plan commercial, à savoir la régularité et le coût de la reprise”, soutient-on encore sans donner de plus amples précisions sur la date de l'éventuel retour de la compagnie allemande. À Berlin, on regrette, cependant, les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et notamment depuis les attentats du 11 septembre et particulièrement celle constituant à isoler les arrivées d'Air Algérie au fond d'un couloir à l'aéroport de Frankfurt, ce dernier étant la seule déserte assurée par le pavillon national en Allemagne. Du point de vue politique, on tente d'expliquer que c'est là une mesure imposée par les experts de la lutte contre le terrorisme qui incitent régulièrement sur le renforcement des mesures concernant les voyageurs en provenance des pays “à risques”. Mais, aujourd'hui, on estime que ce genre de méthode semble parfois excessif et qu'il faudrait aller vers un assouplissement, de façon à ne pas heurter la sensibilité des passagers venant d'Etats avec qui Berlin veut, désormais, considérer comme “stratégiques” dans le cadre de sa nouvelle politique étrangère. Conscient que ses mesures sont de nature à augmenter l'exclusion et l'extrémisme, Berlin penche sérieusement à la manière d'améliorer ses relations avec les pays arabes et surtout avec l'Algérie où la violence islamiste, qui a sévi durant la décennie 1990, a considérablement affecté les relations bilatérales. Cependant, les milieux diplomatiques insistent sur le fait que le dialogue doit être mené au sein de la société algérienne. Berlin entend par là, le dialogue “avec ceux-là même qui refusent le dialogue, en vue de mettre fin au terrorisme”. Une attitude qui dénote en partie la méconnaissance de l'Allemagne de la réalité algérienne et du manque de lobbying des ambassadeurs algériens accrédités à l'étranger, puisque cette politique a été longtemps prônée par Alger à travers la loi sur le concorde civile et le prochain référendum sur l'amnistie générale. Mais dans les milieux politiques, on considère qu'il est possible d'arriver à régler les questions internes en amorçant une démocratisation des sociétés et des régimes en tenant compte des spécificités culturelles et religieuses des pays arabes. Mais, en attendant, il faudrait penser à mettre en place une division Maghreb au sein de “la société allemande pour la politique étrangère”, relevant du ministère fédéral des AE pour suivre de plus près l'évolution de la situation sur le terrain. Jusque-là, l'Allemagne, considérant que la région ne faisant pas partie de “sa zone d'influence”, il n'était donc pas intéressant de s'y rapprocher. Seulement, les experts, et les conseillers des Affaires étrangères ont commencé à suivre la situation dans le Maghreb en raison de la vague de terrorisme qui a déferlé sur l'Algérie dès le début des années 90. Aujourd'hui, que les choses rentrent dans l'ordre sur le plan sécuritaire, bien entendu, Berlin ambitionne d'exploiter toutes les possibilités d'investissement, y compris dans le domaine énergétique. S. T.