La monnaie nationale a perdu près de 25 dinars en trois ans par rapport au dollar américain : de 75 à près de 100 dinars actuellement pour un seul billet vert. Plusieurs l'experts l'anticipent : une dévaluation du dinar va etre opérée dans quelques mois, voire au début 2016, si cette baisse des prix du pétrole se poursuit. Conséquence négative : le pouvoir d'achat de la majorité des Algériens va être touché. Il l'est déjà puisque la perte de la valeur du dinar par rapport au dollar et à l'euro au cours des trois dernières années est l'une des causes de la hausse des prix des produits de large consommation. Des produits qui valaient il y a quelques années 90-100 dinars valent aujourd'hui 120 à 170 dinars l'unité, comme le café, les détergents. Cette tendance de perte progressive de la valeur du dinar va s'accentuer en 2015-2016 dans un scénario de laisser-faire. Cela veut dire que les prix produits de large consommation vont augmenter en 2015, voire début 2016 . "La dévaluation du dinar est aujourd'hui la seule arme entre les mains des autorités pour pouvoir maîtriser le diktat des importations et arrêter ces subventions indirectes aux importations dignes d'une économie de bazar", explique Mohamed Kessel, spécialiste en commerce international. Allusion à cette prolifération de produits non conformes, dangereux pour la santé commercialisés sur nos marchés, à la faveur du laxisme des pouvoirs publics. Cette dévaluation du dinar est la conséquence directe de l'aggravation des fragilités de l'économie nationale dont les indices sont des exportations qui n'arrivent pas à couvrir les importations et une baisse importante de nos recettes en devises entraînant une baisse de la masse monétaire exprimée en dinars. Ce qui fait dire à cet expert : "L'économie algérienne vit le syndrome hollandais, c'est-à-dire une économie qui consomme au dessus de ses moyens. Ce qui réduit sa compétitivité internationale. Avec un baril à 100-110 dollars, on pouvait se permettre ce luxe. Aujourd'hui la situation est tout autre. La dévaluation est devenue incontournable".
Comment protéger le pouvoir d'achat des ménages ? Point positif : nous avons plus de marges de manœuvre qu'en 86 et début 90 où la dévaluation brutale du dinar dans une proportion de 1 à 10 nous a été imposé par le Fonds monétaire international. Grâce à deux atouts : -Primo : le niveau de nos réserves de change. -Secundo : le remboursement anticipé de la dette dans les années 2000 fait qu'aujourd'hui le service de la dette, ce que nous remboursons annuellement à nos créanciers, est très faible. Cette meilleure situation financière qu'en 86 ou 90 permettrait d'opérer une dévaluation graduelle, progressive, par glissements du dinar successifs entre 2015 et 2017, en cas de poursuite de cette chute des prix du pétrole. Les augmentations des prix de large consommation se feront en douce, de façon progressive. Autre aubaine : le raffermissement du dollar par rapport à l'euro. Ce qui constituera un amortisseur de la hausse des produits de large consommation, puisque la valeur du dollar se rapproche maintenant de celle de l'euro sur le marché officiel des changes (98 pour le dollar, 102 dinars pour un euro) et que 50% de nos importatins sont libellées en euros.Mais attention le dollar risque d'atteindre les 102-104 en janvier 2016. Ce qui pousserait les prix des produits importés d'Asie comme les légumes secs à la hausse. Mais comment protéger les consommateurs des conséquences de cette perte de la valeur du dinar ? Il n' ya pas d'autre solution pour renforcer la valeur du dinar que d'augmenter la productivité du pays, c'est-à-dire en favorisant l'acte de production sur l'acte d'importation. Mais aussi à mettre fin, nous semble t-il, à l'anarchie qui règne sur les marchés de fruits et légumes et des viandes, bref sur le commerce intérieur rongé par les pratiques spéculatives et l'opacité dans les transactions. Une situation insoutenable. Ce gros problème devra être réglé de manière plus rapide par les pouvoirs publics si on veut prévenir la colère de la rue. Quant aux producteurs qui ont été les grands perdants de la dévaluation des années 90, "une directive de la Banque centrale devrait obliger les banques à privilégier le financement des industriels et producteurs au détriment de l'import-import", préconise Mohamed Kessel. Pourquoi pas un taux de change favorable pour les producteur et un taux de change défavorable pour les tenants de l'économie de bazar ? K. R.