Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, nous explique dans cet entretien que la dévaluation de la monnaie nationale pénalise lourdement les entreprises qui font déjà face à de terribles difficultés en matière de charges sociales. Il estime également que les importations de produits de luxe et d'autres produits agroalimentaires qui ne sont pas de première nécessité, n'arrangent pas les producteurs nationaux en butte au problème de la pression fiscale. Il affirme aussi que l'inflation appauvrit les citoyens déjà ruinés par la détérioration du pouvoir d'achat et interpelle le gouvernement pour raffermir le dialogue dans le cadre de la réunion tripartite où les décisions stratégiques ayant trait à l'économie nationale devraient être concertées. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, nous explique dans cet entretien que la dévaluation de la monnaie nationale pénalise lourdement les entreprises qui font déjà face à de terribles difficultés en matière de charges sociales. Il estime également que les importations de produits de luxe et d'autres produits agroalimentaires qui ne sont pas de première nécessité, n'arrangent pas les producteurs nationaux en butte au problème de la pression fiscale. Il affirme aussi que l'inflation appauvrit les citoyens déjà ruinés par la détérioration du pouvoir d'achat et interpelle le gouvernement pour raffermir le dialogue dans le cadre de la réunion tripartite où les décisions stratégiques ayant trait à l'économie nationale devraient être concertées. Midi Libre : Comment est ressentie la dévaluation du dinar par les entreprises du secteur privé ? Mohamed Saïd Naït Abdelaziz : La problématique de la dévaluation du dinar nous l'avons déjà posé sur le terrain il y a bien longtemps en interpellant le gouvernement maintes fois par le passé. Je pense qu'il devient impérieux, aujourd'hui encore, d'entamer des négociations avec les autorités compétentes sur cette question névralgique pour l'économie nationale en fonction des moyens dont dispose l'Algérie. Il s'agit, en fait, de réduire le volume des importations afin de diminuer ses coûts astronomiques. Il y a lieu également d'arrêter l'érosion du pouvoir d'achat des citoyens suite à la dévaluation constante de la monnaie nationale. Malheureusement, nous avons dans notre pays des problèmes de fond et on spécule sur les changements selon la lecture de chacun. Je suis d'accord pour mettre un terme définitif à la dévaluation du dinar et travailler efficacement pour instaurer une coopération fiable et féconde entre les pouvoirs publics détenteurs de la puissance publique et ayant les leviers de la politique d'une part, et les spécialistes en économie et les financiers, d'autre part. Ainsi, le programme futur de développement économique et la réalisation de grandes infrastructures génératrices d'emplois sont tributaires de la collaboration entre ces parties. Car le politique seul ne peut pas façonner une politique économique fructueuse et cohérente. Mais pourquoi une autre dévaluation tant on pensait l'Algérie moins secouée par la crise économique et financière mondiale que d'autres pays ? La crise économique et financière touche tous les pays, y compris l'Algérie. D'ailleurs, nous la ressentons par rapport à la dégringolade des cours du pétrole. Nous avons un certain manque à gagner du fait de la baisse des recettes d'exportation des hydrocarbures. Ce sont des paramètres importants à analyser sérieusement et méthodiquement par le gouvernement pour pouvoir se prévaloir d'une volonté de réévaluation du dinar d'une manière claire afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs qui se dégrade continuellement. Il s'agit de booster la consommation par ricochet. Conséquence de la dévaluation, les travailleurs n'arrivent pas à se retrouver avec une inflation galopante, qu'en pensez-vous ? Effectivement, les travailleurs se trouvent aujourd'hui pénalisés avec le SMIG à 12.000 DA, car d'un autre côté, on a toujours des difficultés à maîtriser les effets inflationnistes et à éviter la dévaluation de la monnaie nationale. La réalité se situe au niveau du terrain économique car il y a des calculs spéculatifs et la Confédération nationale du patronat algérien considère que le gouvernement doit agir pour réduire la dévaluation du dinar et solutionner cette question. La dévaluation du dinar impacte l'inflation est, par conséquent, il faut qu'on arrive à évaluer les paramètres économiques en augmentant les salaires et en sauvegardant le pouvoir d'achat des travailleurs. La dévaluation du dinar est intimement liée à la problématique de l'inflation et de la hausse généralisée des prix des produits de large consommation et des produits de première nécessité. Il faut des leviers économiques pour compenser le pouvoir d'achat et contourner l'inflation qui passe de 3,5% à plus de 4 %, ce qui influe sur les conditions de vie des citoyens. Concernant les entreprises, la dévaluation du dinar est fortement ressentie par les chefs d'entreprise car elles sont vulnérables et ne peuvent pas faire face aux dépenses et à l'augmentation des charges. Ce sont elles qui subissent de plein fouet les contrecoups fréquents de la crise et de la dépréciation de la monnaie nationale, et cela influe négativement sur le développement et la croissance. Nous sommes entrés dans un cercle vicieux parce que si on augmente les salaires, on se heurte inévitablement à la hausse des prix. Cette situation se répercute sur le cycle de développement. Il faut donc se débarrasser de cette spirale inflationniste et se doter d'une volonté politique pour trouver une solution adéquate à ce problème de décroissance et de détérioration du pouvoir d'achat et du niveau de vie des citoyens. Et quelles solutions préconisez-vous ? Il est possible de prendre des mesures appropriées pour remédier à cette situation et envisager avec le gouvernement une manière efficace et pragmatique d'augmenter le pouvoir d'achat et réduire les charges des entreprises. La CNPA a tiré la sonnette d'alarme et demande l'arrêt immédiat de l'hémorragie des importations qui sont passées en 2008 à près de 40 milliards de dollars. Il existe un problème, mais il faut avoir le courage de se concerter avec les hommes du terrain, les entreprises, les spécialistes et les économistes, ainsi que le gouvernement et chacun doit apporter des propositions concrètes de sortie de crise en élaborant des mesures positives. L'un des problèmes majeurs réside dans les importations. Il faut distinguer les importations utiles pour l'économie nationale et pour le pays, telles que les équipements et les intrants. En revanche, importer des bonbons, des chocolats et des kiwis, ce n'est pas normal. Pourquoi donc importer 4 ou 5 milliards d'euros de produits agroalimentaires inutiles ? Il faut faire la part des choses. Des pertes de change jamais compensées Très affectés par l'érosion de la monnaie nationale, les opérateurs économiques nationaux ont, à maintes reprises, sollicité le gouvernement pour réclamer «une action sur la parité du dinar». La dévaluation de la monnaie nationale dans les années 90 a entraîné de grosses pertes de change pour les entreprises algériennes qui avaient notamment proposé pour limiter les dégâts la mise en place d'un marché à terme des devises. En 2007, à l'heure où les produits de première nécessité et les matières premières flambaient sur le marché international, le forum des chefs d'entreprise, par la voix de son président Reda Hamiani, plaidait pour une réévaluation de la monnaie nationale, de façon à diminuer le coût des produits importés. M. Hamiani affirmait que «les importateurs algériens subissaient de plein fouet la décote du dollar principale monnaie d'échange de l'Algérie par rapport à l'euro, d'autant plus que 60 % des importations algériennes sont effectuées dans la monnaie européenne». La réponse du gouvernement fut immédiate, l'ancien chef de l'exécutif, Abdeklaziz Belkhadem, répondant par la négative à cette requête. L'année dernière, le FMI, sur la base des dernières consultations menées avec l'Algérie au titre de l'article IV de ses statuts, avait fait observer que le dinar est «proche de son niveau d'équilibre». Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, confortant ce constat expliquait que «la politique de change de l'Algérie a pour objectif, depuis la seconde moitié des années 1990, la stabilisation des taux de change effectif réel de long terme du dinar à sa valeur d'équilibre déterminée par les fondamentaux de l'économie nationale». Midi Libre : Comment est ressentie la dévaluation du dinar par les entreprises du secteur privé ? Mohamed Saïd Naït Abdelaziz : La problématique de la dévaluation du dinar nous l'avons déjà posé sur le terrain il y a bien longtemps en interpellant le gouvernement maintes fois par le passé. Je pense qu'il devient impérieux, aujourd'hui encore, d'entamer des négociations avec les autorités compétentes sur cette question névralgique pour l'économie nationale en fonction des moyens dont dispose l'Algérie. Il s'agit, en fait, de réduire le volume des importations afin de diminuer ses coûts astronomiques. Il y a lieu également d'arrêter l'érosion du pouvoir d'achat des citoyens suite à la dévaluation constante de la monnaie nationale. Malheureusement, nous avons dans notre pays des problèmes de fond et on spécule sur les changements selon la lecture de chacun. Je suis d'accord pour mettre un terme définitif à la dévaluation du dinar et travailler efficacement pour instaurer une coopération fiable et féconde entre les pouvoirs publics détenteurs de la puissance publique et ayant les leviers de la politique d'une part, et les spécialistes en économie et les financiers, d'autre part. Ainsi, le programme futur de développement économique et la réalisation de grandes infrastructures génératrices d'emplois sont tributaires de la collaboration entre ces parties. Car le politique seul ne peut pas façonner une politique économique fructueuse et cohérente. Mais pourquoi une autre dévaluation tant on pensait l'Algérie moins secouée par la crise économique et financière mondiale que d'autres pays ? La crise économique et financière touche tous les pays, y compris l'Algérie. D'ailleurs, nous la ressentons par rapport à la dégringolade des cours du pétrole. Nous avons un certain manque à gagner du fait de la baisse des recettes d'exportation des hydrocarbures. Ce sont des paramètres importants à analyser sérieusement et méthodiquement par le gouvernement pour pouvoir se prévaloir d'une volonté de réévaluation du dinar d'une manière claire afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs qui se dégrade continuellement. Il s'agit de booster la consommation par ricochet. Conséquence de la dévaluation, les travailleurs n'arrivent pas à se retrouver avec une inflation galopante, qu'en pensez-vous ? Effectivement, les travailleurs se trouvent aujourd'hui pénalisés avec le SMIG à 12.000 DA, car d'un autre côté, on a toujours des difficultés à maîtriser les effets inflationnistes et à éviter la dévaluation de la monnaie nationale. La réalité se situe au niveau du terrain économique car il y a des calculs spéculatifs et la Confédération nationale du patronat algérien considère que le gouvernement doit agir pour réduire la dévaluation du dinar et solutionner cette question. La dévaluation du dinar impacte l'inflation est, par conséquent, il faut qu'on arrive à évaluer les paramètres économiques en augmentant les salaires et en sauvegardant le pouvoir d'achat des travailleurs. La dévaluation du dinar est intimement liée à la problématique de l'inflation et de la hausse généralisée des prix des produits de large consommation et des produits de première nécessité. Il faut des leviers économiques pour compenser le pouvoir d'achat et contourner l'inflation qui passe de 3,5% à plus de 4 %, ce qui influe sur les conditions de vie des citoyens. Concernant les entreprises, la dévaluation du dinar est fortement ressentie par les chefs d'entreprise car elles sont vulnérables et ne peuvent pas faire face aux dépenses et à l'augmentation des charges. Ce sont elles qui subissent de plein fouet les contrecoups fréquents de la crise et de la dépréciation de la monnaie nationale, et cela influe négativement sur le développement et la croissance. Nous sommes entrés dans un cercle vicieux parce que si on augmente les salaires, on se heurte inévitablement à la hausse des prix. Cette situation se répercute sur le cycle de développement. Il faut donc se débarrasser de cette spirale inflationniste et se doter d'une volonté politique pour trouver une solution adéquate à ce problème de décroissance et de détérioration du pouvoir d'achat et du niveau de vie des citoyens. Et quelles solutions préconisez-vous ? Il est possible de prendre des mesures appropriées pour remédier à cette situation et envisager avec le gouvernement une manière efficace et pragmatique d'augmenter le pouvoir d'achat et réduire les charges des entreprises. La CNPA a tiré la sonnette d'alarme et demande l'arrêt immédiat de l'hémorragie des importations qui sont passées en 2008 à près de 40 milliards de dollars. Il existe un problème, mais il faut avoir le courage de se concerter avec les hommes du terrain, les entreprises, les spécialistes et les économistes, ainsi que le gouvernement et chacun doit apporter des propositions concrètes de sortie de crise en élaborant des mesures positives. L'un des problèmes majeurs réside dans les importations. Il faut distinguer les importations utiles pour l'économie nationale et pour le pays, telles que les équipements et les intrants. En revanche, importer des bonbons, des chocolats et des kiwis, ce n'est pas normal. Pourquoi donc importer 4 ou 5 milliards d'euros de produits agroalimentaires inutiles ? Il faut faire la part des choses. Des pertes de change jamais compensées Très affectés par l'érosion de la monnaie nationale, les opérateurs économiques nationaux ont, à maintes reprises, sollicité le gouvernement pour réclamer «une action sur la parité du dinar». La dévaluation de la monnaie nationale dans les années 90 a entraîné de grosses pertes de change pour les entreprises algériennes qui avaient notamment proposé pour limiter les dégâts la mise en place d'un marché à terme des devises. En 2007, à l'heure où les produits de première nécessité et les matières premières flambaient sur le marché international, le forum des chefs d'entreprise, par la voix de son président Reda Hamiani, plaidait pour une réévaluation de la monnaie nationale, de façon à diminuer le coût des produits importés. M. Hamiani affirmait que «les importateurs algériens subissaient de plein fouet la décote du dollar principale monnaie d'échange de l'Algérie par rapport à l'euro, d'autant plus que 60 % des importations algériennes sont effectuées dans la monnaie européenne». La réponse du gouvernement fut immédiate, l'ancien chef de l'exécutif, Abdeklaziz Belkhadem, répondant par la négative à cette requête. L'année dernière, le FMI, sur la base des dernières consultations menées avec l'Algérie au titre de l'article IV de ses statuts, avait fait observer que le dinar est «proche de son niveau d'équilibre». Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, confortant ce constat expliquait que «la politique de change de l'Algérie a pour objectif, depuis la seconde moitié des années 1990, la stabilisation des taux de change effectif réel de long terme du dinar à sa valeur d'équilibre déterminée par les fondamentaux de l'économie nationale».