Après Alger, la commission commerciale tunisienne (Cepex) a tenu, hier, à Oran, sa seconde rencontre B2B, entre professionnels algériens et une dizaine de leurs homologues tunisiens du tourisme dit de santé et tourisme médical. Ces rencontres de prise de contact, qui se sont tenues la veille de l'ouverture du 18e Salon international de l'équipement médical qui va se poursuivre jusqu'au 18 du mois en cours au Centre des conventions d'Oran, sont l'aboutissement d'une longue stratégie tunisienne mise en place depuis 3 ans et qui se projette pour les 5 années à venir comme nous l'a expliqué Riadh Bezzarga, directeur de la représentation commerciale à l'ambassade de Tunisie. "C'est la première fois que nous organisons cette rencontre pour le secteur des services de prestations de santé alors que nous savons qu'il existe de très grandes opportunités en Algérie. Il y a eu beaucoup d'investissements depuis les années 1980 en Tunisie pour développer un secteur de santé de qualité et performant surtout dans le privé pour intéresser une clientèle étrangère", explique notre interlocuteur. Ce système mis en place avec des agences de voyages spécialisées, il y en aurait 1/10 en Tunisie, fait qu'en 2014, 374 000 étrangers sont allés se soigner en Tunisie, les Européens en première position, suivis des Libyens et enfin les Algériens qui complètent le podium avec 17 000 "clients-touristes". L'objectif encore avoué de cette démarche est de canaliser les potentiels clients algériens qui, à travers des partenariats entre cliniques privées et laboratoires des deux pays, pourraient être ainsi encore plus nombreux à s'offrir les prestations de santé en Tunisie. L'autre but étant "d'éliminer les parasites" qui organisent ce type de voyage en dehors de tout cadre et de limiter le nombre de ceux qui se déplacent individuellement, a souligné le représentant de l'ambassade tunisienne. Notre interlocuteur estime même que grâce à cette stratégie, les Algériens, d'ici trois ans, devraient être entre 50 000 et 60 000 à aller se soigner en Tunisie via ce genre de tourisme. Pour autant, cette rencontre B2B d'Oran pourrait déboucher encore dans un ou deux ans, sur des investissements tunisiens en Algérie même sous la forme surtout de prise de participation dans le capital de grandes cliniques privées algériennes. Riadh Bezzarga fait néanmoins un distinguo entre tourisme de santé et de bien-être, très demandé par les Algériens notamment pour les soins de thalassothérapie ; faisant de la Tunisie la deuxième destination dans le monde ; et les prestations de soins médicaux. De manière générale, la chirurgie générale est la prestation la plus demandée en Tunisie avec 37% du total de la demande étrangère, la chirurgie plastique et réparatrice n'étant que de 4,8%. Lors de cette rencontre d'Oran, le plus révélateur, côté algérien, est la présence de l'association Cœur ouvert qui se bat pour aider et sauver la vie de très jeunes enfants souffrant de cardiopathies et qui ne sont pratiquement pas pris en charge. Ces enfants, souvent de conditions modestes, attendent des mois, voire des années, un rendez-vous et finissent par mourir faute de prise en charge. À titre d'exemple, cela fait des années qu'on attend l'ouverture effective et le démarrage des activités du service de chirurgie cardiaque à l'EHS pédiatrique de Canastel à Oran. Notre interlocuteur tunisien estime qu'à titre exceptionnel et par solidarité, quelques enfants algériens pourraient être opérés en Tunisie. D. L.