Plus de 15 entreprises et institutions tunisiennes activant dans différents domaines médicaux se déplaceront, à partir du 10 au 16 avril prochains, à Alger et Oran dans l'objectif avoué de nouer d'éventuels contacts de partenariats et d'investissements avec leurs homologues algériens. Ce séjour organisé par la Mission commerciale tunisienne à Alger«Tunisia Export Alger» se veut être une mission d'affaires et de contacts professionnels pour les structures sanitaires, les agences spécialisées dans l'organisation des séjours médicaux et bien-être, les prestataires de chirurgie plastique et esthétique tunisiens. A cette occasion, «Tunisia Export Alger» a programmé pour les deux parties des rencontres professionnelles « B2B » qui seront organisées le dimanche prochain à Alger et deux jours plus tard à Oran et au menu des packages chirurgies-vacances préétablis par des agences de tourisme spécialisées dans ce domaine et proposés aux Algériens en formules comprenant l'acte chirurgical et le séjour. La Tunisie, véritable leader régional depuis une dizaine d'années dans ce qu'il est convenu d'appeler le tourisme médical, cherche à toucher, à travers ce genre d'initiatives, un plus grand nombre d'Algériens. Les touristes algériens connaissent déjà cette spécificité du tourisme tunisien et nombreux sont ceux qui, sans être forcément aisés, optent pour cette formule. Jamel Gamra, le ministre tunisien du Tourisme avance, lui, le chiffre de près d'un million de touristes qui visitent chaque année son pays dont 50% viennent pour des soins, mais rarement par le truchement d'agences de tourisme médical qui commencent à se développer dans le secteur. La France, destination traditionnelle pour les Algériens, reste trop chère pour ceux qui ne bénéficient pas de prise en charge, ce qui fait de la Tunisie, qui est déjà une destination de prédilection, le premier pays de destination des nationaux pour profiter du tourisme médical en raison de la proximité géographique et des tarifs très abordables des soins. Une option qui n'est pas spécifiquement algérienne et de nombreuses nationalités profitent également des cliniques tunisiennes pour généralement des chirurgies esthétiques mais pas seulement, puisque des cliniques privées dernier cri dédiées à la chirurgie de l'œil, chirurgie cardiaque ou encore pour les soins dentaires ont vu le jour. Lifting, rhinoplastie, chirurgie des paupières... des actes médicaux deux à trois fois moins chers que ce qui se fait en France intéressent de plus en plus d'Algériens férus de ravalement de façades, de liposuccion et d'élimination des rides du visage et du cou. Le tourisme médical en Tunisie a réellement commencé à partir de 1992, date de l'embargo sur la Libye, en soignant et opérant des patients libyens. En 2008, près de 100.000 patients, venus majoritairement des pays riverains tel que la Libye ou l'Algérie mais aussi d'Afrique, d'Europe ou du Canada, se sont fait soigner en Tunisie pour toutes les spécialités médicales. Depuis 2011, la Tunisie est passée, en ce qui concerne les Libyens, du tourisme médical esthétique à celui de guerre recevant les victimes de la guerre civile. Cette offensive marketing des Tunisiens en direction de l'Algérie est également dictée par l'imminence de la concurrence de la Jordanie qui commence à se placer sur le marché du tourisme médical et à lorgner sur les parts de marché traditionnel de la Tunisie. Selon le journal jordanien Al Arab Al-Youm, un accord de partenariat a été signé à Amman entre l'Association des hôpitaux de Jordanie d'une part et deux agences de voyage, algérienne et jordanienne, pour l'admission des patients algériens dans les hôpitaux et centres de soins jordaniens. En vertu de cet accord, l'agence de tourisme algérienne commercialisera en Algérie des package de soins en Jordanie. Les spécialités visées par l'accord sont, entre autres, la cancérologie, la rhumatologie et la chirurgie des articulations et des maladies rachidiennes, le diabète et les cardiopathies, la gynécologie et les greffes d'organes. Mais que faut-il penser de ces formules low cost ? La question a été toujours posée et refait surface quand des actes chirurgicaux tournent à la défiguration. Nombre de patients algériens, surtout de la région Est, ont fait les frais des bistouris tunisiens, mais ils ne sont pas les seuls.