La croissance en Algérie devrait ralentir en 2015, la baisse des prix du pétrole exacerbant les facteurs de vulnérabilité budgétaires et extérieurs auxquels est actuellement confrontée l'économie. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales publié hier, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 2,6% cette année, contre 4,1% en 2014 et 3,9% en 2016. Le FMI projette, également, une hausse de l'inflation qui passe de 2,9% en 2013 à 4% pour l'année en cours. Le FMI indique que le solde extérieur courant de l'Algérie sera négatif en 2015. Il est estimé à -15,7% du produit intérieur brut (PIB) contre -4,3% du PIB en 2014. Le FMI table sur le solde extérieur courant de -13,2% en 2016. Concernant l'emploi, le Fonds a revu à la hausse le taux de chômage dans le pays passant de 10,6% en 2014 à 11,8% en 2015, pour atteindre 11,9% en 2016. Le FMI relève que la plupart des pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Menap), confrontés à de lourdes pertes dues à la chute des cours de ce produit, "doivent procéder au recalibrage de leur plan de rééquilibrage budgétaire à moyen terme". Le Fonds indique que les incertitudes restent très fortes sur le marché du pétrole : la volatilité des prix a atteint un niveau record et la production de pétrole risque de baisser. Selon le rapport, les prix du pétrole ont diminué d'environ 45% depuis septembre 2014. La croissance hors pétrole est également exposée à des risques qui tiennent à la possibilité que l'ajustement budgétaire soit plus important qu'on ne le prévoit actuellement, ou que l'investissement privé souffrira de la baisse de la confiance. "Les responsables de l'action publique doivent se préparer à une période prolongée de faibles prix du pétrole et réévaluer leur plan de dépenses à moyen terme en conséquence", avertit le FMI. Les pays, suggère-t-il, doivent prendre des mesures pour remédier à leurs facteurs de vulnérabilité budgétaires, à savoir l'érosion rapide de leurs volants de réserve et le niveau élevé du prix du pétrole requis pour atteindre le seuil de rentabilité, et pour économiser des montants équitables de leur patrimoine pétrolier non renouvelable au profit des futures générations. Afin d'atténuer l'effet de frein sur la croissance, les plans de rééquilibrage budgétaire devraient viser à maîtriser les dépenses courantes, notamment en limitant l'expansion de la masse salariale du secteur public et en réduisant les subventions généralisées à l'énergie qui continuent d'être élevées dans de nombreux pays, malgré la faiblesse des prix du pétrole. "Des mesures consistant à établir l'ordre de priorité des dépenses en capital et à accroître le recouvrement des recettes hors pétrole devraient accompagner les efforts de maîtrise des dépenses", propose le FMI. Ce dernier insiste sur la nécessité de poursuivre les réformes structurelles parallèlement au rééquilibrage budgétaire, pour abandonner les modèles antérieurs d'une croissance entraînée par des dépenses publiques financées par le pétrole et pour accroître la productivité dans le secteur privé hors pétrole. "Le défi consistera à promouvoir la diversification de l'économie en faveur d'activités échangeables et à permettre au secteur privé de devenir un moteur de la croissance plus autonome, tout en encourageant la création d'emplois dans le secteur privé", note le FMI. M. R.