Entre deux rounds de discussion à Alger, l'aviation militaire et les tanks libyens continuent d'imposer leurs arguments par la destruction de ce qui reste de la Libye, quasiment en ruine. Quatre ans après la chute de l'ancien régime de Kadhafi, la volonté de la communauté internationale d'aller vers une solution consensuelle n'a, malheureusement, pas obtenu l'aval de tous les acteurs politiques, tribaux et militaires libyens. Le général Haftar, mandaté par le gouvernement du Premier ministre Abdellah al-Theni, internationalement reconnu, s'est lancé dans une tragique guerre de reconquête des villes-clés libyennes. De Benghazi à Tripoli, en passant par Syrte et Misrata, l'armée libyenne entend, à travers ces opérations dites d'envergure, de peser, par la violence, sur le dialogue en cours à Alger, sous l'égide de l'ONU. Ce qui est périlleux comme procédé et stratagème, a averti Bernardino Léon, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye, lors de la clôture du deuxième round du dialogue interlibyen à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a souligné, lui aussi, que seuls les Libyens sont à même de conclure la paix, car la communauté internationale est là pour jouer le rôle de facilitateur du dialogue politique en cours. Alors que tous les efforts régionaux et internationaux ont convergé vers une solution politique du conflit libyen, le gouvernement d'Al-Theni et le Parlement élu, tous les deux exilés à Tobrouk, ont pris le risque de saper toutes les initiatives diplomatiques en cours. Ce qui est complètement paradoxal, puisque les mouvements politiques, siégeant au sein du Parlement de Tobrouk issu des législatives du 24 juin 2014, participent au dialogue d'Alger et aux discussions de Skhirat (au Maroc), au même titre que les autres mouvements politiques qui contrôlent le Parlement parallèle de Tripoli. C'est à se demander, en effet, si les parties libyennes en conflit ont deux agendas différents que celui d'aboutir à une paix durable dans ce pays voisin, dont l'instabilité politico-sécuritaire menace la sécurité régionale. Dans cet échange de tirs de mortiers entre les troupes de Khalifa Haftar et les hommes armés de la coalition islamiste Fajr Libya, une deuxième voie, celle du dialogue politique, demeure l'unique solution pour faire aboutir la révolution du 17 février 2011. Faudrait-il, peut-être, mettre en demeure Abdellah al-Theni, dont les décisions (politiques et économiques) et la politique qu'il a mise en place pourraient coûter cher à la Libye. L. M.