Les Libyens de tous bords semblent se donner le mot pour une sortie de la crise institutionnelle et le chaos sécuritaire régnant dans le pays depuis la chute de Kadhafi en 2011. Deux faits majeurs viennent corroborer cette volonté d'en finir avec cette situation. D'abord, la reprise hier au Maroc, du dialogue entre les deux Parlements rivaux libyens, qui vise à arracher un accord sur un gouvernement d'unité nationale. Ensuite le soutien apporté par le gouvernement reconnu par la communauté internationale au combat mené par les éléments affiliés à son rival de Fajr Libya contre les terroristes de Daech. Les représentants des deux Parlements libyens rivaux avaient donc rendez-vous pour de nouvelles joutes oratoires à Skhirat au Maroc, hier, pour "un round de négociations décisif", sous l'égide de l'ONU, représentée à l'occasion par son envoyé social en Libye (Manul), Léon Bernardino. Cette reprise du dialogue intervient après une pause de quelques jours pour permettre aux parties concernées de "bien se préparer" pour cette phase "décisive" des négociations, qui se déroulent sous les auspices de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul). Mais contrairement à la précédente, celle du début mars, qui n'a pas tenu ses promesses, cette rencontre s'accompagne de déclarations du chef de la Manul quant à un espoir d'aboutir à un accord, d'ici dimanche, date prévue de la fin de ce troisième round de négociations. Il est attendu de ces trois jours de négociation entre les membres des deux Parlements rivaux -l'un siégeant à Tobrouk (est) et l'Assemblée sortante installée par la coalition de milices Fajr Libya- de dégager une entente sur les documents inhérents à trois points : "Arrangements de sécurité, le gouvernement d'unité nationale et les mesures de confiance", a détaillé l'émissaire onusien. "Nous souhaitons que ces trois documents soient prêts et si possible publiés d'ici dimanche", a-t-il poursuivi, avant d'insister sur "l'urgence" de parvenir à un accord global le plus tôt possible, car "la Libye n'a pas de temps à perdre". D'autre part, l'attaque perpétrée mercredi à Tunis, qui a coûté la vie à 20 touristes étrangers et revendiquée par le groupe terroriste Etat islamique (EI), est "un autre signal d'alarme montrant qu'il y a urgence à trouver une issue au conflit en Libye", a estimé M. Leon. Les parties libyennes trouvent là une raison supplémentaire pour faire front commun contre l'influence de l'EI, en témoigne le soutien apporté par le gouvernement d'al-Thenni, reconnu par la communauté internationale, à Fajr Libya qui livre des combats aux terroristes du groupe Etat islamique (EI) dans l'est du pays. Les combats de Fajr Libya contre les éléments de Daech dans Syrte, renforcent "l'une des principales bases du consensus national auquel nous aspirons (...) et qui est la lutte contre le terrorisme", dira, dans ce sens, le chef de la diplomatie libyenne, Mohamed Al-Dayri. Il s'agit de la première réaction du gouvernement reconnu internationalement aux combats qui opposent depuis une semaine par intermittence des miliciens de Fajr Libya à la branche libyenne de l'EI dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, qui a revendiqué ses premières attaques en Libye en janvier avec un assaut spectaculaire contre un hôtel à Tripoli (neuf morts), puis en février avec la décapitation de 21 chrétiens, la plupart égyptiens. A. R.