En l'absence de tout dispositif policier, les deux manifestations se sont déroulées dans la sérénité. Les marches auxquelles ont appelé séparément le RCD et le MAK, à Tizi Ouzou, dans le cadre de la célébration du Printemps berbère d'Avril 1980, ont drainé des milliers de personnes. En l'absence de tout dispositif policier, les deux manifestations se sont déroulées dans la sérénité qui tranche radicalement avec celle de l'année dernière marquée par une violente répression policière. Vers 10h, l'entrée de l'université Mouloud-Mammeri, lieu habituel du départ des marches du 20 Avril, était déjà noire de monde. La marche du MAK a été la première à s'ébranler. Il était 11h. Elle sera suivie, peu après, par celle du RCD, sur le même itinéraire. Le tout dans une ambiance digne de l'esprit de fraternité et de solidarité qui constitue un des principaux messages d'Avril 80. Les deux marées humaines ont abouti au rond-point fraîchement baptisé place des Martyrs du Printemps noir, avant de suivre chacune un itinéraire distinct. Ainsi, les militants du MAK, à leur tête Bouaziz Aït Chebib, empruntent l'avenue Abane-Ramdane où a eu lieu la levée du nouveau drapeau du mouvement, tandis que ceux du RCD, à leur tête Mohcine Belabbas et des cadres du parti, entament la montée de la Maison de la culture pour se diriger vers le siège de la wilaya. Tout au long de l'itinéraire emprunté, les militants du mouvement autonomiste ont scandé des slogans en faveur de l'autodétermination de la Kabylie et d'autres hostiles au pouvoir. "Pour une Kabylie libre, démocratique, sociale et laïque", "Pour l'autodétermination du peuple kabyle", "Kabylie indépendante", "Tiens à ta culture ancestrale et parle kabyle", "Justice pour Matoub Lounès et les martyrs de Kabylie", pouvait-on lire, entre autres, sur les banderoles déployées par le MAK. "Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe", "Corrigez l'histoire, Cirta n'est pas arabe", ont scandé, pour leur part, les militants du RCD qui revendiquent, à travers une banderole géante, "l'officialisation immédiate de la langue amazighe". À l'issue de la marche, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a relevé avec satisfaction que "la plupart des marcheurs sont des jeunes, et cela est important, car cela signifie que la nouvelle génération a repris le flambeau". "Si nous marchons, ce n'est pas pour demander l'aumône au pouvoir, mais pour construire un rapport de force, montrer qu'il y a une majorité d'Algériens qui veut renouer avec l'Algérie des origines et que nous devons aller vers une période de transition pour construire une Algérie où les institutions seront légitimes." Dans une déclaration rendue publique à l'occasion de sa marche, le conseil universitaire du MAK a dénoncé ce qu'il a qualifié de "colonialisme algérien qui poursuit ses manœuvres de sape en dépit de toutes les résistances que les Kabyles lui opposent", tout en déplorant que "ces résistances sont menées en rangs dispersés (...)". Il est à noter qu'aucun dispositif sécuritaire n'était visible dans la ville de Tizi Ouzou durant ces marches. La journée a été également marquée par une grève générale largement suivie dans la ville de Tizi Ouzou et, au-delà, à travers toute la wilaya. La célébration du 20 Avril a été marquée aussi cette année, à Tizi Ouzou, par une autre marche, celle d'un mouvement dénommé "Initiative citoyenne", organisée pour célébrer à la fois le 35e anniversaire du Printemps berbère et le 14e anniversaire du Printemps noir. S. L.