La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) accuse ouvertement le gouvernement malien d'être derrière les violences de lundi à Ménaka. S'agit-il d'une stratégie de Bamako pour affaiblir militairement la CMA avant la signature de l'accord de paix final le 15 mai prochain ? La paix est menacée plus que jamais au Mali, où la recrudescence des violences armées dans le nord du pays pourrait empêcher la signature à Bamako de l'accord final, entre le gouvernement malien et la CMA. Le chef de la mission onusienne au Mali, Hamdi Mongi, n'a, d'ailleurs, pas caché son inquiétude au lendemain des affrontements qui ont opposé le bras armé de la CMA aux mouvements armés pro-Bamako. Lundi, le groupe d'autodéfense des Touareg de l'Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako) a mené une nouvelle offensive contre le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qu'il a repoussé au-delà des limites de Ménaka, une ville située à 200 kilomètres à l'est de Gao. Mais la mission onusienne (Minusma) a dépêché ses troupes à Ménaka et demandé aux éléments du Gatia de se retirer, eux aussi, de la ville, afin d'éviter de nouvelles violences. Les Casques bleus ont donc pris position dans la ville, ce qui est perçu par une partie de la presse malienne comme un soutien inavoué pour le MNLA et ses alliés au sein de la CMA. Réagissant à ces nouveaux affrontements, le gouvernement malien a accouché d'un communiqué dans lequel il a condamné ces violences. "Le gouvernement de la République du Mali condamne cette reprise des hostilités et ce regain de violence au moment même où, avec la Communauté internationale et les parties prenantes, tous les efforts sont en train d'être déployés pour arriver à un accord de paix, gage d'un retour à la stabilité et à la reprise des actions de développement", lit-on dans le communiqué de Bamako. Mais le MNLA, un des membres de la CMA, a affirmé, avec force conviction, que le Gatia a agi sous l'instigation du gouvernement qui l'a armé et soutenu financièrement. Le gouvernement du Mali est accusé par le MNLA d'être derrière cette énième "violation des accords de cessez-le-feu du 23 mai 2014 à Kidal, ainsi que de la déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014, réaffirmée le 19 février 2015", selon le communiqué de ce mouvement. Cette escalade des violences armées intervient à moins de deux semaines de la signature, à Bamako, de l'accord de paix final, par les autorités maliennes, en attendant la réponse de la CMA, en concertation avec ses partisans dans le Nord-Mali. "Le gouvernement du Mali portera l'entière responsabilité des conséquences de telles attaques. La CMA ne peut se résoudre à subir indéfiniment les attaques et les agressions dictées par Bamako sans réagir. Cette position n'altère en rien l'attachement de la CMA à la recherche de la paix", a ajouté le communiqué de la CMA. Un affaiblissement du MNLA pourrait contraindre la CMA à accepter la signature de l'accord d'Alger. Mais un autre scénario est également possible : le retour à la case départ et une reprise de la guerre, comme en 2012. Toutes les portes de la dérive sont en effet ouvertes. Et c'est la crédibilité de la diplomatie algérienne qui est mise en jeu aussi dans cette crise malienne. L.M.