Après les gardes communaux, les Patriotes, les propriétaires de fusils de chasse, ce sont les architectes qui sont sortis de leur silence. Ils ont organisé un sit-in pour réclamer la mise en valeur de leur profession. Selon eux, l'architecte est un producteur intellectuel non un commerçant, et ne peut, en aucun cas, être assimilé à une entreprise de réalisation. Aït Yahyaten Nourredine, membre du bureau du comité local de l'Ordre des architectes de la wilaya de Bouira (Cloa) rejette les opérations d'adaptation auxquelles les maîtres d'ouvrage ont recours. "C'est comme un bon costume qui ne peut être porté que par une seule personne", dit-il. Chaque structure, université, logements ou autres équipements publics, doivent avoir une étude architecturale spécifique. "Malheureusement, la majorité des Directions de wilaya des différents secteurs ont recours à cette procédure qui est antiréglementaire". En matière de suivi des projets, il précise : "Nous sommes contraints de faire un suivi sans ordre de service ou contrat de travail. Parfois, les maîtres d'ouvrage exigent de nous la signature de situation et d'avenant sans documents officiels qui nous lient avec eux. Nous sommes responsables des malfaçons mais officieusement." Plus de 60% des architectes travaillent "au noir." "Nous réceptionnons des marchés sans permis de construire, c'est très grave. Parfois nous signons des contrats à la fin des travaux de réalisation. Les lois de la République sont bafouées", dénonce-t-il. Sitayeb Abdelkrim, président du syndicat des architectes de la wilaya de Bouira clame : "Nous sommes ici pour exiger l'annulation de la formule d'adaptation car elle aura un effet négatif sur l'aspect architectural de la ville". Au sujet du suivi des travaux de réalisation, "certains maîtres d'ouvrage nous forcent à signer des ODS d'arrêt et de reprise des travaux de complaisance", a-t-il ajouté. Kermia Ali, président du Cloa, dans sa déclaration, a soulevé le manque de transparence dans le suivi des travaux où l'architecte est soumis au diktat des maîtres d'ouvrage qui les font travailler comme de simples ouvriers contractuels. "Nous sommes sujet à un suivi des travaux de réalisation sans aucun document officiel de la part des différentes directions, tous les secteurs confondus (DUC, DJS, Direction des équipements....). Ces maîtres d'ouvrage nous ordonnent la signature des avenants qui seront régularisés par la suite par des ODS, fantoches, d'arrêt et de reprise", dira-t-il. Au sujet du non-respect des lois, "nous rejetons les appels d'offres lancés en étude et réalisation qui n'obéissent à aucune loi. Nous exigeons la révision immédiate de l'arrêté interministériel n°17/2001 relatif aux missions de suivi qui s'avèrent caduques et entraînent une répercussion sur la qualité de la conduite des travaux. Nous interpellons le conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa) et le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville pour intercéder auprès du ministre des Finances en vue d'annuler les devis descriptifs des œuvres architecturales par les géomètres, opération qui relève de la compétence des architectes", conclut-il. A. D