Il est mort dans la soirée du 26 avril dernier, à Sidi Bel-Abbès, à l'âge de 53 ans, peu après son admission à l'hôpital, suite à une crise cardiaque. L'annonce du décès d'un membre "pilier" du groupe Raïna Raï a aussitôt fait le tour de la ville et alimenté les médias. Il s'agit de Abderrahmane Dendane, dit Dahmane, un virtuose du saxophone qui s'est admirablement distingué. Encore très affecté par cette mort subite, le chef de file du groupe Raïna Raï, Lotfi Attar, nous dira : "Dahmane était un musicien qui aimait beaucoup la musique, surtout le diwane, et il faisait beaucoup de recherches. Sa mort est une grande perte, et il est parti jeune, célibataire, car il était marié avec la musique. C'est triste, il va nous manquer, car il était très joyeux à tel point qu'on se lassait jamais de sa compagnie." Artiste et musicien issu d'une famille artistique du genre diwane très connue à Sidi Bel-Abbès, feu Dahmane jouait avec dextérité le saxophone, avec lequel il a tant bercé les mélomanes avec ses morceaux contemplatifs. Très doué, Dahmane avait débuté dès son jeune âge à tutoyer le saxophone, d'abord en animant des soirées de mariage, puis au sein du groupe Amarna où il a côtoyé ses aînés, à savoir Lotfi, Hachemi, Kada et feu Djilali Rezkellah. À ce propos, Lotfi Attar a tenu à louer les qualités artistiques et le côté perfectionniste du défunt Dahmane : "À vrai dire, Dahmane a grandi chez moi, et ce, depuis 1985, l'année de notre début au sein du groupe Amarna." Et de poursuivre : "D'ailleurs, c'est le défunt Djilali Rezkellah, dit Amarna, qui l'a ramené au groupe. Il était encore jeune saxophoniste et il me l'a présenté. À l'époque, j'avais quitté Raïna Raï et je voulais ramener un son nouveau au groupe Amarna, celui du saxophone. Donc, j'ai saisi l'occasion de la venue de Dahmane, qui à l'époque avait du rythme et une bonne oreille musicale, et ensemble on a débuté avec l'album Echouly, chez Rachid et Fethi, et ensuite, on a fait d'autres albums, notamment Mayli." Selon le guitariste, "sur scène, Dahmane avait le sens du rythme, car il jouait même le karkabou, et le beau sourire ne quittait jamais son visage. Ses qualités lui permettaient de se dégager et l'encourager à se donner à fond devant le public". En 1990, lorsque le guitariste et compositeur Lotfi Attar a repris Raïna Raï avec Hachemi Djellouli, il a vite remarqué la prédisposition du jeune Dahmane pour la musique, et surtout le saxophone. "Au sein du groupe Amarna, j'ai imposé Dahmane, un autodidacte qui s'est illustré de fort belle manière au sein du groupe, car pour certains musiciens du groupe, c'était uniquement la guitare et pas de saxophone", se souvient-il. En autodidacte avéré, Dahmane a réussi à subjuguer en 1993 avec la musique de la chanson Zghaïda, et il a confirmé son talent en 2001 dans l'album Bye bye. "Le défunt avait un son et un style, et en ce qui me concerne, Dahmane est une école, car il a fait des recherches et a travaillé jour et nuit pour réussir en 1993 à jouer le quart de note (ton) avec le saxo. Je tiens à le préciser, ce n'est pas facile de jouer cette gamme des quarts de ton avec le saxophone ténor", a affirmé Lotfi Attar, en signalant au passage que "quelques jours avant sa mort, on a enregistré ensemble une chanson intitulée Dzaïr, avec son propre solo, une reprise de Rayna Hak, mais avec un quart de note (ton). Pour Dahmane Allah yarhmah, j'avais beaucoup de visions et je voulais faire de lui l'ambassadeur algérien du genre diwane avec le saxo et le karkabou". Selon ses amis et proches musiciens, Dahmane a réussi au sein des groupes Amarna et Raïna Raï à imprimer sa griffe aux œuvres composées, et ce n'est d'ailleurs pas pour rien que tous les titres auxquels il avait participé ont connu du succès. A. B