Le textile ne couvre qu'une maigre partie des besoins nationaux. La campagne consommer local s'est clôturée le 3 mai. Une belle initiative qui encourage la production locale. Mais qui soulève plusieurs interrogations. Le produit local est-il disponible en quantité et en qualité ? On peut envisager la réponse sous l'angle des filières. Dans l'agroalimentaire, s'agissant des boissons, eaux minérales, sodas, jus, le secteur est parvenu à l'autosuffisance, voire même à dégager des excédents à l'exportation. Les ménages se sont habitués à consommer local concernant ces deux produits. Même topo pour les yaourts. Preuve que quand le bien local est disponible en quantité et en qualité, nul besoin d'une campagne pour consommer local. La question se pose lorsque le produit local est fortement concurrencé par le produit importé. C'est le cas du textile où la production locale ne couvre qu'une maigre part des besoins nationaux. Pour l'électroménager, la production locale suffit largement à couvrir la demande. Le produit importé est également disponible. C'est là où devrait jouer la campagne consommer local. Mais il ne faut pas oublier que sous bon nombre de produits locaux, la composante est essentiellement importée. C'est le cas de la poudre de lait, matière première essentielle des laits et des produits dérivés du lait fabriqués localement. C'est le cas aussi des céréales. Importées pour l'essentiel, elles sont transformées pour produire de la farine, de la semoule, utilisées pour fabriquer du pain, des gâteaux, des pâtes. C'est ce qui fait dire à des spécialistes que l'alimentation des Algériens est essentiellement importée. En somme, les chances de réussite des campagnes consommer local dépend des progrès dans les filières industrielles de substitution aux importations et dans l'agriculture. Quand on parviendra à couvrir 70% de nos besoins en céréales et laits, à développer l'agro-industrie, la transformation des produits agricoles en produits industriels (concentré de tomate, concentrés de jus et boissons, aliments de bétail), on aura évolué dans la consommation de produits locaux. Cela dépend donc de l'efficacité des politiques agricoles et industrielles. Or, jusqu'ici, on a dépensé d'énormes montants pour augmenter l'offre en lait cru, en céréales, sans pour autant atteindre les résultats escomptés. On diminuera également l'importation de poissons congelés avec le développement de la production halieutique locale ainsi que de l'aquaculture. En aval, l'organisation du marché intérieur inhibe également la production nationale. Les réseaux de distribution favorisent dans beaucoup de cas le produit importé au détriment du produit local. Consommer local est également lié à l'organisation du commerce intérieur. K. R.