Ces deux prénoms masculins proviennent du verbe arabe djamala "être beau, avoir de belles qualités". Djamal vient du nom djamal "beauté'' et Djamil est un adjectif, "beau''. Le plus célèbre des Djamil est Djamil ben Abdallah al-‘Udhrî, poète arabe du VIIe siècle, représentant de la poésie dite ‘udhri, c'est-à-dire chaste. On possède très peu de détails de sa vie : il naquit vers 660 et mourut, encore jeune, en 701. Il passa sa vie dans le Hidjaz et le Najd, il se serait réfugié quelque temps au Yémen pour fuir le gouverneur omeyyade que les parents de sa bien-aimée avaient dressés contre lui. À la fin, il se rendit en Egypte et fut accueilli par le gouverneur Abdalaziz ben Marwân qui le prit sous sa protection. Djamil composa pour lui des panégyriques. C'est en Egypte que le poète mourut. Il est l'auteur de poèmes célébrant sa tribu (fakhr) et de satires (hijâ'), mais c'est pour ses poésies d'amour qu'il est connu. Il était encore très jeune quand il s'était épris d'une fille de sa tribu, les Banû ‘Udhra, une certaine Buthayna du clan des Banû l-Ahabb. La jeune fille était elle-même éprise, mais ses parents refusèrent son soupirant. Pis encore : ils la marièrent, contre son gré, à un autre. Il fit des reproches aux parents de la jeune fille et, ulcéré, il quitta à jamais la région qui l'a vu naître, Wâdî Qurâ, où campait la tribu des ‘Udhra. Plus tard, sur son lit de mort, il se rappellera Buthayna et son amour malheureux. Djamil est l'auteur de nombreux poèmes, réunis en un diwan (recueil) transmis par des philologues, tels Ibn Durayd. Mais ce recueil ne nous a pas été conservé. Cependant, on dispose de plusieurs vers, notamment ceux que cite de lui al-Isfahânî dans son Kitâb al-Aghanî. Ses vers racontent sa passion et donne une vision originale de l'amour qui attire un être vers un autre : c'est pour lui une force surnaturelle qui s'empare de l'individu à sa naissance et le poursuit tout au long de sa vie et survit même après sa mort. Son amour est dépourvu de toute sensualité : Djamil ne cesse de proclamer la pureté de ses intentions et sa disposition à se dévouer et à souffrir pour sa bien-aimée. C'est l'amour ‘udhri ou platonique. M. A. H