Durant les batailles, il fut un combattant remarquable contre les mécréants. Il était si courageux et téméraire qu'Omar écrivit une fois aux gouverneurs des provinces islamiques qu'ils ne devraient pas le nommer à la tête d'une armée de peur qu'il ne les fasse tous tuer du fait de ses exploits audacieux. Cet homme était Al-Barâ' Ibn Mâlik Al-Ansarî, le frère de Anas Ibn Mâlik, l'aide personnel du Prophète paix et bénédictions sur lui. Si les récits de l'héroïsme d'Al-Barâ' devaient être relatés en détails, il aurait fallu de nombreuses pages. Mais contentons-nous d'un exemple. Cette histoire particulière commença seulement quelques heures après la mort de notre noble Prophète paix et bénédictions sur lui, alors que les tribus arabes se mirent à quitter en grand nombre la religion de Dieu, tout comme elles y étaient rentrées en grand nombre. En peu de temps, seuls les habitants de la Mecque, de Médine et d'At-Tâ'if ainsi que de petites communautés dispersées ici et là, dont l'engagement vis à vis de l'islam était solide, restèrent dans la religion. Abû Bakr As-Siddîq, le successeur du Prophète paix et bénédictions sur lui fut ferme vis-à-vis de ces mouvements aveugles et destructifs. Il mobilisa onze armées parmi les Muhâjirîn (Emigrés) et les Ansâr (Auxiliaires), chacune dirigée séparément par un commandant et les envoya en différents lieux de la Péninsule Arabique. Leur but était de faire revenir les apostats sur le chemin de la guidance et de la vérité et de faire face aux leaders de la rébellion. Le plus puissant groupe d'apostats et le plus fort en nombre était les Banû Hanîfah parmi lesquels Musaylimah l'imposteur se dressa, clamant qu'il était un Prophète. Musaylimah réussit à mobiliser quarante mille des meilleurs combattants parmi son peuple. La plupart d'entre-eux, cependant, le suivaient par amour sectaire ou par fidélité tribale, non parce qu'ils croyaient en lui. L'un d'eux dit une fois : " J'atteste que Musaylimah est un imposteur et que Mohamed est véridique mais l'imposteur de Rabî`ah (Musaylimah) nous est plus cher que le véridique de Mudar (Mohamed) ". Musaylimah triompha de la première armée placée sous le commandement de `Ikrimah Ibn Abî Jahl. Abû Bakr envoya alors une autre armée contre Musaylimah, menée cette fois-ci par Khâlid Ibn Al-Walîd. Cette armée contenait l'élite des Compagnons à la fois parmi les Ansâr et les Muhâjirîn. Au premier rang de cette armée se trouvait Al-Barâ' Ibn Mâlik et un groupe des musulmans les plus vaillants. Les deux armées se rencontrèrent sur le territoire des Banû Hanîfah, à Al-Yamâmah dans le Najd. Pendant longtemps, l'avantage fut du côté de Musaylimah et de ses hommes. Les armées musulmanes commencèrent à battre en retraite. Les forces de Musaylimah balayèrent même la tente de Khâlid Ibn Al-Walîd et l'obligèrent à quitter sa position. Ils auraient tué sa femme si l'un d'entre eux ne lui avait pas accordé sa protection. À ce point, les musulmans réalisèrent dans quelle situation périlleuse ils se trouvaient. Ils étaient aussi conscients du fait que, s'ils étaient battus par Musaylimah, l'Islam ne pourrait se maintenir en tant que religion, et Allah, l'Unique qui n'a aucun associé, ne serait plus jamais adoré dans la Péninsule Arabique après cet événement. Khâlid rassembla ses forces une fois de plus et commença à les réorganiser. Il sépara les Muhâjirîn des Ansâr et laissa les hommes des différentes tribus à part. Chaque groupe fut placé sous la direction d'un de ses membres afin que les pertes de chaque groupe durant la bataille soient connues. La bataille fit rage. Il y eut énormément de pertes et de morts. Les musulmans n'avaient jamais vécu une chose semblable durant toutes les guerres auxquelles ils avaient participé avant. Les hommes de Musaylimah restèrent, dans ce tumulte, aussi immobiles que des montagnes, même si certains d'entre-eux tombèrent. Les musulmans firent preuve d'un grand héroïsme. Thâbit Ibn Qays, le soutien des Ansâr, creusa un trou où il se glissa et se battit jusqu'à perdre la vie. Le trou qu'il avait creusé devint sa tombe. Zayd Ibn Al-Khattâb, le frère d'Umar Ibn Al-Khattâb, que Dieu soit satisfait d'eux, cria aux musulmans : " Ô hommes, mordez avec vos dents, frappez l'ennemi et continuez ainsi. Par Dieu, je ne vous parlerai plus après ceci jusqu'à ce que Musaylamah soit mort ou bien que je rencontre Dieu". Puis il chargea contre l'ennemi et continua à se battre jusqu'à ce qu'il soit tué. Sâlim, l'esclave affranchi d'Abû Hudhayfah et porteur des Muhâjirîn fit preuve d'une bravoure insoupçonnée. Son peuple craignait qu'il fasse preuve de faiblesse ou qu'il soit terrifié à l'idée de se battre. Il leur dit : " Si vous arrivez à me dépasser, quel misérable mémorisateur du Coran je suis ! " Puis il plongea vaillamment en direction de l'ennemi et mourut en martyr.