Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, M. Lakhdar Brahimi, n'a pas mâché ses mots hier sur les ondes de la radio belge RTBF en critiquant sévèrement la communauté internationale et les dirigeants arabes pour leur silence devant la politique du Premier ministre israélien vis-à-vis du peuple palestinien. Il s'en est notamment pris aux Etats arabes, lesquels “de fait, ont, pour l'essentiel, abandonné les Palestiniens à leur sort ces dernières années”. Il leur reproche leur silence devant les crimes de Sharon dans les territoires palestiniens. Brahimi n'a pas épargné l'Union européenne qui “n'a pas encore fait usage de l'influence politique considérable dont elle dispose en faveur de la paix”. L'ancien chef de la diplomatie algérienne estime que “les Etats européens et l'opinion publique de ces pays en général n'élèvent même pas la voix suffisamment haut pour condamner les atteintes graves aux droits de l'Homme les plus élémentaires en Palestine”. Partant de ce constat, il affirmera que “le retour à la paix ne se fera pas tout seul, il se fera avec une attitude européenne tout à fait différente”. Lakhdar Brahimi n'a pas ménagé le Chef du gouvernement israélien pour sa politique contraire aux droits de l'Homme, dénonçant ainsi les violations multiples dans les territoires occupés. Il a lié la persistance du conflit du Moyen-Orient au phénomène international. “Que fait-on pour résoudre ce problème ?” s'est interrogé l'ex-ministre des Affaires étrangères de l'Algérie avant d'ajouter : “Pas suffisamment. La communauté internationale s'est le plus souvent trop aisément accommodée du point de vue cynique et ridicule du Premier ministre d'Israël qui faisait de feu le président Yasser Arafat le seul et unique responsable de l'insécurité en Israël, autant que du malheur de son propre peuple.” “Vous devez condamner M. Sharon quand il assassine des gens. Or, vous vous taisez, comme vous vous taisez lorsqu'il déracine plus d'un million d'arbres fruitiers en Palestine”, lancera-t-il à son auditoire composé de sénateurs belges. Enfin, il a regretté que la conférence que compte tenir l'année prochaine sur le conflit du Proche-Orient Tony Blair se fasse en l'absence des Israéliens, concernés au premier plan. K. A.