Résumé : Samir tente de se justifier auprès de son amie... Il ne voulait pas la blesser, mais les circonstances de son mariage étaient si complexes qu'il n'avait pu se dérober... Ilhem accuse Hasna d'avoir comploté cette union afin de l'éloigner de lui... Le jeune homme défend sa mère et conseille à Ilhem de songer à faire sa vie. Elle hoche la tête : -C'est ce qu'on me dit pour éviter la litanie de mes plaintes... Elle secoue la tête : -Tu ne peux pas comprendre Samir... Depuis que tu m'as quittée, aucun homme n'a pu m'attirer ou compter pour moi... Tu es le seul... L'unique amour de ma vie, et tu le resteras jusqu'à la fin de mes jours. Il reprend son déjeuner avant de répondre : -Tu es encore jeune, belle et ambitieuse Ilhem... Ne gâche pas ta vie... Il ne faut surtout pas que tu regrettes un jour ce que tu viens de dire. -Non... Je ne pourrais regretter une réalité aussi limpide Samir... Tu es le seul homme qui compte pour moi... Tant pis si je dois rester célibataire et finir mes jours en vieille fille, mais je ne pourrais même pas penser, qu'un jour, un autre prendra ta place dans mon cœur. Il soupire : -Je ne veux pas que tu gâches ta vie... Elle hausse les épaules et lève les yeux vers lui. Il remarque alors les larmes qui y brillaient et détourne son regard. Il avait mal dans sa chair et dans son âme, et ne supportait pas la souffrance de cette femme qui avait longtemps compté pour lui. Il lui prend la main et lui dit : -Je n'aimerais pas te savoir malheureuse, crois-moi... Je vais te raconter toute la vérité sur mon mariage... Peut-être que cela t'aidera à mieux comprendre les choses. Comme elle gardait le silence, il but une gorgée d'eau et entama son récit : -Cela a commencé entre deux ivrognes devant une partie de poker... Il y avait Aïssa, mon père, et Ahmed, mon beau-père... Tous les deux avaient déjà vidé leurs bouteilles et leurs poches dans les bars, avant de s'attabler devant une partie de cartes et de miser sur leurs enfants... Stupéfaite, Ilhem allait l'interrompre, mais il lève la main : -Non... Je continue mon récit Ilhem... Ne m'interromps pas... Ce que je te raconte là est la pure vérité, alors s'il te plaît écoute-moi jusqu'à la fin. Il reprend son récit devant l'air ébahi de son amie... Au fur et à mesure qu'il avançait dans les détails, Ilhem sentit une boule se former dans son plexus... Elle écarquille les yeux et met une main sur sa bouche, lorsqu'il abordera le sujet de la tache de vin sur la joue de Mordjana, et les chirurgies qu'elle avait dû subir pour s'en débarrasser, puis les formations qu'elle avait suivies et les efforts déployés pour l'aider à reprendre pied et à se débarrasser de ses complexes... La journée avançait, mais Samir ne s'arrêta pas... Il tenait à ce qu'Ilhem sache toute la vérité sur lui. Bien loin de là, Mordjana passe une nuit agitée. Elle repense à sa mère et aux révélations de sa grand-mère au sujet de ses parents. Avaient-ils réellement été amoureux ? Elle avait encore du mal à le croire... Une douleur dans son ventre la réveillait à tout bout de champ, à chaque fois qu'elle tentait de s'endormir. La vieille matrone, malgré le poids de son âge, n'y était pas allée de main morte avec elle. Elle se surprend à vouloir retourner chez elle, dès le petit matin, pour lui demander de recommencer ses massages... L'assurance de cette "guérisseuse" lui avait rendu quelque peu l'espoir de retrouver un jour la joie de vivre. Il faisait à peine jour lorsqu'elle quitte sa couche pour se rendre dans la cuisine et préparer le petit-déjeuner. La maison était encore plongée dans le silence. Elle avait entendu son grand-père sortir pour se rendre à la mosquée, mais Mimouna sa grand-mère dormait encore. Elle lui semblait un peu fatiguée ces derniers temps. Cela se comprenait aussi. C'était elle qui s'occupait de la maison, faisait les courses, préparait les repas, et trouvait aussi le temps de tisser des couvertures. Mordjana admirait l'habileté de ses doigts qui glissaient à travers les fils tendus sur le métier à tisser, et sous lesquels prenaient formes les multiples motifs que son aïeule créait au fur et à mesure que le travail avançait. Elle avait le don de choisir les couleurs et de rehausser leur éclat pour donner à son œuvre l'exclusivité de sa créativité. La jeune femme rajoute deux cuillères à café dans la cafetière qui bouillonnait sur la cuisinière, et prend de la semoule pour préparer une galette. Elle fera ensuite bouillir le lait et dépose quelques tasses sur la table de la cuisine afin de servir Ameur, son grand-père, dès son retour de la mosquée. Le grincement de la porte d'entrée l'annonçait justement, et c'est d'un pas sûr qu'il la rejoint dans la cuisine. Il sourit à la vue de Mordjana : -Bonjour ma fille... Je vois que tu es déjà levée. (À suivre) Y. H.