À quelques jours de la signature, par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, annoncée pour le 20 juin à Bamako, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) continue de jouer double jeu. Le MNLA, un des membres de la CMA, avec le Haut-Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), sera présent à Bamako pour la conclusion de la paix, mais ses membres en Europe sont opposés à cette décision. Et pour preuve, le MNLA-Europe a commencé à mener une campagne dénonçant la médiation internationale et le contenu de l'Accord d'Alger qu'il qualifie de "désaccord d'Alger", dans un texte parvenu à notre rédaction. "Le gouvernement malien et ses milices l'ont signé le 15 mai 2015. La CMA, en dépit du rejet largement exprimé par ses propres mandataires, s'est, à son tour, publiquement engagée à le signer le 20 juin prochain", dénonce le MNLA-Europe. "Or, ce texte fait l'impasse sur les points essentiels remis à la médiation internationale élargie le 17 mars 2015 à Kidal suite à des journées de concertation populaire. Le document d'Alger ne répond donc pas aux aspirations légitimes du peuple de l'Azawad qui se bat depuis plus de 50 ans pour sa liberté, sa dignité et sa sécurité gravement menacées", précise encore le texte en question signé par le représentant du MNLA-Europe, Moussa Ag Assarid, dont les accointances avec des "cercles occultes" en France sont souvent dénoncées, dans les coulisses, par ses propres "frères de combat" au sein de la CMA, ainsi que par la presse malienne à Bamako. Outre la campagne qu'ils mènent contre l'Accord d'Alger dans les réseaux sociaux, Moussa Ag Assarid et les représentants du MNLA-Europe annoncent la tenue d'une conférence de presse, le 12 juin à Paris, pour "dénoncer un non-accord et une guerre civile déjà en cours, lancer un appel humanitaire pour sauver un peuple autochtone en péril", lit-on dans le même texte. Ce n'est pas la première fois que le MNLA-Europe, à sa tête Moussa Ag Assarid qui a la double nationalité (française et malienne), manifeste son opposition au dialogue d'Alger, continuant à défendre l'idée de l'indépendance de la région du Nord Mali, appelé l'Azawad par la CMA. Alors que la CMA a accepté le principe du respect de l'unité territoriale du Mali, comme préalable à l'ouverture du dialogue inclusif intermalien, le 17 juillet 2014, le MNLA-Europe campe sur ses positions et rejette toute autre option politique que celle de l'indépendance de l'Azawad. Ce qui n'est pas sans conséquences négatives sur le processus de mise en œuvre de l'Accord d'Alger, qui débutera dès que la CMA aura apposé sa signature sur ce document, lors d'une cérémonie prévue pour le 20 de ce mois dans la capitale malienne. L. M.