Des membres de la Coordination des mouvements de l'Azawad sont de retour à Alger, à leur demande, a-t-on appris auprès du porte-parole du HCUA, Ag Aharib. Ce retour intervient après la réunion du 17 mars où, selon le document de la CMA, la population aurait refusé la signature de l'accord d'Alger signé le 1er mars par les mouvements de la plateforme et le gouvernement malien et sur lequel la CMA a émis des réserves. Mais, précise notre interlocuteur, il ne s'agit pas d'une remise en cause de l'accord. "Nous n'avons pas rejeté cet accord. Et il n'est pas question pour nous de le rejeter", a-t-il affirmé. Ils attendent d'ailleurs de rencontrer la médiation afin de voir "ce qu'il y a de nouveau dans la suite du processus, comment le continuer". Face aux pressions qu'exercent la médiation, l'ONU, la Minusma et, depuis cette semaine, l'Union africaine, la CMA s'est retrouvée dans une posture délicate. Ce qui, semble-t-il, l'a poussée à venir chercher une écoute à ses "revendications" à Alger. Précision de taille : la CMA, où les voix s'affichent franchement discordantes, notamment entre le MNLA qui refuse de signer "quoi que ce soit et quelles que soient les menaces", dixit son porte-parole, et le HCUA au ton modéré et qui serait favorable à faire des concessions sur les quatre amendements à introduire dans l'accord, opte désormais pour l'apaisement et évoque simplement "un temps pour que la médiation puisse analyser ses amendements" sans "renier, selon M. Ag Aharib, ses engagements". Il relève d'ailleurs que la CMA n'a émis que quatre réserves sur le document d'Alger alors que Bamako a consigné douze pages d'amendements. Il évoque, également, la possibilité de prise en charge des autres points après la signature de l'accord. En décodé, cela veut dire que la CMA ou, du moins, le MAA et le HCUA seraient prêts à parapher l'accord d'Alger pour peu qu'une partie de leurs revendications soit prise en charge. D'où cette idée de "continuité" du processus d'Alger. Signe également de dissensions au sein de la CMA, le MNLA qui fait cavalier seul, à travers des déclarations radicales rejetant l'accord et la lettre envoyée par son porte-parole au ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lui notifiant le rejet au motif que l'accord n'a pas l'agrément de la société civile. De là, à entrevoir un divorce entre le HCUA-MAA et le MNLA, il n'y a qu'un pas que d'aucuns n'hésiteraient pas à franchir étant donné l'attitude trouble et les positions inconstantes du MNLA qui, depuis le début des négociations, s'est employé à trouver des subterfuges pour polluer le processus. Il est d'ailleurs allé jusqu'à demander des prolongations dans le dialogue ce que la médiation, particulièrement le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a catégoriquement refusé. Par ailleurs, selon la presse locale, le MNLA est entré en affrontement avec le mouvement terroriste le Mujao qui est réapparu plus d'une année après l'opération Serval qui l'a délogé de ses positions au nord du Mali. D'un autre côté, les manifestations du début de semaine au nord du pays ont prouvé que le MNLA, qui se prévaut de l'appui de la société civile de "l'Azawad", ne dispose de base que dans Kidal puisque les populations de Gao, Tombouctou et Ménaka ont, pendant leur sortie dans la rue, réclamé la signature de l'accord d'Alger. Enfin, une dernière nouvelle concernant Iyad Ag Ghaly qui a refait surface à Kidal ces dernières semaines, dont le nom a été blacklisté et les avoirs gelés par l'ONU et les services de renseignement américains et européens. D. B.