Depuis hier, soit son intronisation officielle par l'ensemble des membres du conseil national, le retour d'Ahmed Ouyahia aux commandes du RND se profile sous des objectifs concertés qui prépareraient le pays à de potentiels changements majeurs au sommet de la pyramide institutionnelle. À peine la procédure formelle de son plébiscite, en qualité de secrétaire général intérimaire (en attendant la tenue du congrès extraordinaire qui confirmera la tendance) expédiée, Ahmed Ouyahia prend la parole et dicte d'emblée les orientations du parti. "Vous aviez besoin d'un SG. Et même si je suis intérimaire, je prendrais les décisions qui s'imposeront (...) Notre priorité est l'implication du parti dans la vie du pays", a-t-il asséné pour bien faire comprendre que, désormais, il est maître à bord. Evidemment, il a réitéré un soutien inconditionnel au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, son programme et les chantiers qu'il a lancés. Il affirmera, ensuite, que le RND sera "disponible pour toute concertation entre partis autour de l'amélioration de la gouvernance du pays". L'homme semble défendre ainsi un principe de la démocratie participative. La suite de sa phrase a donné, toutefois, un sens opposé à ses propos : "... Mais s'opposera également à toute tentative de substituer la volonté de conclaves politiques aux choix souverains du peuple par la voie des urnes." Par deux fois, il a répété cette mise en garde, qu'il adresse, sans aucun doute à l'opposition. Celle-là même qui a énoncé le 4e mandat avant son accomplissement et qui œuvre depuis plus d'une année à convaincre de la nécessité de destituer le président Bouteflika pour cause d'un état de santé qui l'empêche de remplir convenablement, au plan constitutionnel et protocolaire, ses fonctions de premier magistrat du pays. Pour donner plus de poids à la menace, Ahmed Ouyahia a lancé un appel solennel aux formations avec lesquels le RND "partage des choix politiques majeurs", à constituer "un pôle destiné à conforter collectivement notre soutien au président de la République et à renforcer la voix de la majorité". Il a aussitôt clairement identifié ses partenaires dans ce conglomérat qui ressemble étrangement à la coalition puis alliance présidentielle. Il a, en effet, réservé exclusivement son invitation au FLN, le parti TAJ d'Amar Ghoul et le MPA d'Amara Benyounès, sans chercher à élargir le panel à d'autres entités politiques y compris celles qui ont fait allégeance au clan Bouteflika. Aujourd'hui en matinée, Ahmed Ouyahia animera une conférence de presse dans laquelle il apportera fatalement des éclairages sur ses positions et sa récupération surprenante de la direction du RND, qu'il a quittée par démission en janvier 2013 de manière aussi impromptue. Au plan organique, il a prôné un discours plutôt réconciliateur. "Je reste et je demeure le frère compagnon de chaque militant du parti sans distinction de rang, ni appartenance de quelque nature que ce soit, et encore plus, sans esprit de revanche, ni volonté d'exclusion", a-t-il soutenu lors de son allocution devant le conseil national. Il a assuré qu'il est revenu en rassembleur et en partisan du débat et de la concertation. Quoi qu'il en soit, il n'a pas attendu pour remanier le bureau politique et y remettre ses proches collaborateurs, particulièrement l'actuel ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchaouareb, et le député Chiheb Seddik. De ses détracteurs d'il y a deux ans et demi, n'a échappé à la purge que Tayeb Zitouni, l'ex-président d'APC d'Alger-Centre. Un choix motivé certainement par le faire-semblant. S. H.