Le nouveau secrétaire général du parti El-Islah, Filali Ghouini, et son prédécesseur, Djahid Younsi, critiquent ouvertement la lettre adressée par le chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, au secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. S'exprimant en marge d'une réunion du madjlis echoura, tenue hier, à Boumerdès, à l'occasion de l'installation du nouveau secrétaire général du parti, Djahid Younsi, qui venait de passer le flambeau au chef de file du groupe parlementaire du parti, a qualifié cette lettre de "faute grave et d'initiative inacceptable et irréfléchie". Selon lui, l'Armée algérienne est une institution qui appartient au peuple algérien, le FLN n'est pas l'Algérie et il ne représente nullement tous les partis politiques. Et il ajoute : "Ceux qui lui ont conseillé cette démarche ont mis l'ANP dans une situation des plus inconfortables." Pour Younsi, l'Algérie "n'est pas un parti, l'Algérie c'est tout le peuple avec ses différentes composantes, l'Algérie c'est une union, c'est un même peuple", avant de mettre en garde contre de telles initiatives qui peuvent conduire à des situations aux conséquences imprévisibles et dangereuses pour le pays et ses institutions. Même sentiment d'indignation exprimé par le nouveau secrétaire général du parti, M. Ghouini, qui s'est dit étonné de "cette démarche inconcevable" venant d'une institution qui appartient à tout le peuple. "Cela s'apparente à un retour en arrière en matière de fonctionnement des institutions de l'Etat et nous rejetons ce genre d'initiative qui aggrave une situation déjà non reluisante." M. Ghouini dit que son parti rejette cette décision entreprise par le pouvoir qui vise à mettre l'Etat algérien sous l'emprise d'un seul parti politique. "Les acquis du multipartisme arrachés grâce à de grands sacrifices sont menacés, une telle situation met le pays dans une situation périlleuse", affirme M. Ghouni, qui a plaidé pour un dialogue sincère et large regroupant tout le monde pour faire sortir du pays du marasme qu'il traverse. Il n'a pas hésité, lors de son intervention, à critiquer la situation économique et sociale du pays qui, selon lui, ne cesse de régresser, notamment avec la baisse des prix du pétrole et l'absence d'une vision et d'une stratégie économique claires. "Nous sommes les derniers de la classe dans tous les domaines en matière économique", a-t-il affirmé, illustrant ses propos par les places non confortables qu'occupe l'Algérie dans les différents classements établis par les institutions économiques internationales. À noter que les membres du madjlis echoura se sont félicités de cette "passation de témoin" entre Younsi et Ghouini qui peut servir d'exemple aux autres partis et autres responsables politiques du pays. Ils ont rendu hommage à Djahid Younsi pour le travail remarquable qu'il a effectué au sein du parti et l'ont félicité pour son geste de se désister volontairement du secrétariat général du parti pour se consacrer à d'autres missions. M. T.